Yennayer : le Rassemblement pour la Kabylie salue la décision de Bouteflika
Par Karim B. – «La reconnaissance officielle de Yennayer fête du nouvel an amazigh, comme journée chômée et payée, est une victoire indéniable pour les militants de la cause amazighe. Et en cette circonstance, une pensée émue va à ceux qui ont porté le rêve de sa consécration mais qui, malheureusement, ne sont plus parmi nous», se félicite le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) dans une déclaration parvenue à notre rédaction. «Cette avancée est à inscrire à l’actif de l’Algérie plurielle qui doit accentuer le travail de réconciliation avec son histoire et son identité plusieurs fois millénaire. Nul doute, cette onde bénéfique, par l’écho qu’elle suscitera, se propagera bientôt dans tous les pays de l’Afrique du Nord», souligne le RPK dans un texte signé par son coordinateur, Hamou Boumediene, et rendu public à l’issue de la réunion de son bureau exécutif à Bouira.
«Dans le dernier Conseil des ministres, il a été fait aussi part de l’engagement de l’Etat de procéder à la création de l’Académie de la langue amazighe. Cette décision, que nous enregistrons comme une reconnaissance de la légitimité de nos revendications, commande l’implication de l’ensemble des compétences dans le domaine et de la société civile pour que soit accordée l’autonomie totale à cette nouvelle institution», note le RPK. «En effet, préconise cette organisation dissidente du MAK, comme toutes les académies dans le monde, il est impératif que celle-ci soit indépendante de toute tutelle politique.» Le RPK estime que «seuls les critères scientifiques doivent présider à son fonctionnement et à l’élaboration des objectifs» de cette académie.
Le RPK considère les dernières décisions prises par le président Bouteflika, dans le sillage des mouvements de protestation qui ont secoué la Kabylie, comme «un jalon historique (…) sur le dur chemin pour la réappropriation de l’identité amazighe» qui «vient s’ajouter à celui posé au prix de grands sacrifices par les différentes générations de militants berbéristes qui ont marqué l’histoire de la lutte pour la reconnaissance de l’identité amazighe depuis 1949».
«Grâce à sa mobilisation massive ayant transcendé les différences politiques, notre jeunesse a réussi à infléchir le pouvoir sans répondre aux provocations qui voulaient arrimer leur action vers la violence, notamment dans la wilaya de Bouira», relève le RPK, qui «exhorte l’ensemble des scientifiques, dans le domaine amazigh, ici ou l’étranger, à se rassembler pour définir une démarche stratégique de développement de la langue amazighe qui doit nécessairement intégrer la réalité sociolinguistique de l’Algérie».
Bien plus mesuré et objectif que le MAK, le RPK admet que la généralisation et l’enseignement obligatoire de tamazight «doivent rester toujours un objectif à atteindre», estimant qu’«aujourd’hui, la priorité doit être accordée à la sauvegarde et au développement des variantes linguistiques amazighes». «Car, explique le RPK, si la future loi met en œuvre une politique uniciste et ne tient pas compte de la réalité de la diversité réelle des aires linguistiques et de droits collectifs des locuteurs à vivre pleinement d’abord dans leur langue propre, il y aura fatalement une langue dominante, et c’est la langue amazighe qui continuera à être minorée et cantonnée dans une rôle de langue symbolique et de patrimoine».
Le RPK, qui appelle, par ailleurs, à l’instauration d’un «statut politique particulier» à la Kabylie, «avec un gouvernement et un parlement régional», conclut qu’une «communauté de destin ne sera possible et ne se construira que sur le respect et la reconnaissance de la pluralité des langues et des cultures des communautés ou peuples qui constituent la nation algérienne».
K. B.
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