La décision de Bouteflika sur Yennayer provoque une grève générale au Maroc
Par R. Mahmoudi – Depuis la consécration en Algérie du jour de l’an amazigh comme fête nationale, les partisans de tamazight au Maroc s’agitent et se mobilisent pour pousser les autorités à emboîter le pas des voisins sur cette revendication à très forte charge symbolique pour ces militants.
Ainsi, après le lancement d’une pétition exigeant la prise en charge «immédiate» de cette demande, laquelle n’a recueilli que quelques milliers de signatures, plusieurs associations culturelles et ONG, à l’image du Mouvement Twadda n’Imazighen et du Congrès mondial amazigh, dont le lien avec le Makhzen n’est pourtant un secret pour personne, ont appelé à une journée de grève générale, dans le monde du travail comme dans les établissements scolaires, le 13 janvier (Yennayer est normalement célébré le 12 janvier de chaque année) pour protester contre l’indifférence des autorités marocaines par rapport à cette revendication.
Dans leur déclaration, ces associations ont lancé un appel à tous les partis politiques et à l’ensemble des citoyens pour prendre part à cette action inédite qui risque d’aggraver un peu plus la situation sociale qui règne actuellement au royaume, avec la propagation des mouvement de contestation.
Ces associations ne s’expliquent pas l’attitude des autorités, et notamment celle de l’actuel Premier ministre, l’islamiste Saadeddine El-Othmani, qui leur paraissait plus sensible à leur cause, pour ses «origines amazighes» (sic). Elles disent ne pas comprendre ce silence, alors que Yennayer a été récemment reconnu comme «héritage commun de l’humanité», mais évitent de faire nommément référence à l’exemple algérien sur cette question, alors que c’est bien la seule motivation réelle de toute cette agitation des militants de tamazight marocains depuis quelques jours. Car, il est un fait que la consécration de Yennayer jour chômé et payé n’a jamais figuré auparavant comme une priorité chez ces associations marocaines de défense de la langue et de la culture amazighes.
Cette soudaine levée de boucliers et ce durcissement simulé ne peuvent avoir qu’un sens : préparer le terrain à une décision royale qui rattraperait le retard accusé sur cette question inhérente à la promotion de la culture amazighe par rapport au «voisin de l’Est».
R. M.
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