L’Egypte provoque le Soudan pour l’entraîner dans une guerre
Par Sadek Sahraoui – L’Egypte se prépare-t-elle à attaquer le Soudan, son voisin du sud ? Khartoum est convaincue, en tout cas, que Le Caire cherche actuellement à l’entraîner dans une guerre. Le chef du comité technique pour les frontières du côté soudanais, Abdullah Al-Sadiq, a d’ailleurs dénoncé, cette semaine encore, la poursuite de ce qu’il a appelé «l’agression égyptienne» sur le triangle Halayeb. Pour lui, cette «agression» ne vise rien d’autre qu’à entraîner le Soudan dans des affrontements directs, avertissant que la poursuite de ces atteintes sera contre-productive pour les Egyptiens.
Dans une interview avec SMC, Al-Sadiq a appelé à la nécessité de trouver une issue pacifique à ce problème, ajoutant que de toutes les façons l’Egypte sera expulsée un jour ou l’autre de Halayeb.
Pour sa part, le ministère égyptien des Affaires étrangères avait déjà rejeté en décembre dernier ce qu’il considérait comme des revendications de souveraineté soudanaises sur la zone frontalière de Halayeb et Shalatin, sur la mer Rouge.
Le Soudan et l’Egypte se disputent depuis de longues années ce territoire frontalier en forme de triangle. Il est situé à l’extrême nord-est du Soudan, sur le littoral de la mer Rouge. Ce territoire est habité par la célèbre tribu soudanaise des Baga et comprend trois grandes villes : Halayeb, Abou Ramad et Shalatin. La zone est gouvernée par l’Egypte, qui y a installé son administration et y offre des services aux habitants. Ceux-ci sont même autorisés à participer au vote lors des élections égyptiennes. Le Soudan se contente de s’abriter derrière une langue diplomatique pour faire valoir un droit garanti, souligne-t-il, par des documents remontant à l’ère coloniale britannique, lorsque les deux pays étaient encore sous le joug de l’empire, dans les années 1950.
Le récent accord signé entre Riyad et Le Caire sur la délimitation de leurs frontières maritimes semble reconnaître la souveraineté égyptienne sur la région de Halayeb, au détriment des revendications soudanaises. C’est ce qui a poussé d’ailleurs les autorités soudaines à monter au créneau. Véritable bombe à retardement, le dossier pourrait aggraver les tensions régionales.
A noter que la sortie soudanaise intervient à un moment où l’Egypte cherche à exclure les Soudanais des discussions sur les eaux du Nil. Le Caire vient, en effet, de soumettre à l’Ethiopie une proposition relative à la sortie du Soudan des discussions sur la construction du barrage de la Grande Renaissance. A la place, le pays propose l’introduction de la Banque mondiale en tant que médiateur. Et, bien sûr, ce coup de poignard dans le dos à rendu fou de rage Omar El-Béchir.
S. S.
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