Le journaliste israélien Gideon Levy «explique» la gifle de la jeune Tamimi
Par Sadek Sahraoui – Gideon Levy, chroniqueur au quotidien Haaretz, revient dans un long article sur les pratiques criminelles, dignes du régime d’apartheid, employées par l’armée israélienne dans les Territoires palestiniens occupés pour casser la résistance palestinienne. Le témoignage du journaliste – qu’on dit être le plus haï d’Israël – s’appuie sur le drame vécu par la famille Tamimi dont le gros des membres croupit actuellement dans les geôles de l’Etat hébreu. Il évoque également l’histoire derrière la gifle d’Ahed Tamimi, le nouveau symbole de la résistance palestinienne. Gideon Levy rapporte justement que juste avant que l’adolescente palestinienne Ahed Tamimi gifle l’un des soldats qui avaient envahi la cour de sa maison, elle avait appris que son cousin Mohamed, âgé de 15 ans, avait reçu une balle dans la tête à bout portant.
Le journaliste de Haaretz raconte le calvaire que vit aujourd’hui ce jeune homme sauvé in extremis. Il indique que «le côté gauche de son visage est tordu, enflé, fragmenté, zébré de cicatrices ; il a du sang figé dans le nez, des points de suture sur tout le visage ; un œil qu’il ne peut plus ouvrir, une ligne de couture s’étire sur tout son cuir chevelu». «Le visage de ce garçon est transformé en une cicatrice. Certains os de son crâne ont été enlevés par les chirurgiens et ne seront pas remis en place avant six mois», ajoute-t-il, tout en indiquant que «c’est cela la vie sous l’occupation israélienne à Nabi Saleh (petit village du centre de la Cisjordanie), où la population est en lutte».
S’agissant la gifle infligée par Ahed Tamimi, âgée de 16 ans, à un soldat israélien, Gideon Levy soutient qu’«environ une heure après que Mohamed ait reçu une balle tirée à courte distance par un soldat des forces de défense israéliennes (ou d’un agent de la police des frontières), la jeune fille s’était rendue dans la cour de sa maison et a essayé d’en expulser deux soldats qui avaient envahi la propriété familiale, tandis qu’une caméra les filmait». «Il est raisonnable de supposer qu’elle a ainsi tenté d’exprimer sa colère contre les soldats en partie à cause de ce qui était arrivé à son cousin une heure plus tôt», poursuit-il, tout en signalant que «les gens de sa famille racontent qu’Ahed a fondu en larmes quand elle a appris que son cousin avait été blessé par balle et qu’il était dans un état grave».
Gideon Levy essaye de faire passer l’idée que n’importe qui à la place de Ahed Tamimi aurait agi de la sorte ou aurait faire pire. Mohamed, mentionne la même source, n’est toujours pas au courant de l’arrestation de sa cousine, devenue une icône. Compte tenu de son état de santé, sa famille ne le lui a pas dit.
Après avoir giflé le soldat israélien, Ahed Tamimi avait, rappelle-t-on, adressé un émouvant message vidéo au monde. Dans ce message, la jeune fille avait appelé, le 15 décembre dernier, les gens à s’unir dans le monde entier autour des Palestiniens pour libérer la Palestine. Relayée par les médias, la vidéo est vue des millions de fois. C’est ce qui semble en réalité avoir dérangé le plus Tel-Aviv. Dans la nuit du 18 au 19 décembre, l’adolescente a été arrêtée par l’armée d’occupation israélienne. Le 1er janvier, le tribunal décidait de retenir 12 chefs d’inculpation contre elle, portant notamment sur cinq autres faits de l’année précédente : agression des forces de sécurité, lancé de pierres ou encore pour avoir participé à des émeutes. Ahed Tamimi risque aujourd’hui plusieurs années de prison.
S. S.
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