La hantise du roi
Par R. Mahmoudi – Le roi d’Arabie Saoudite, Salman Ben Abdelaziz, vient de signer un décret royal accordant des allocations substantielles à ses sujets en guise de soutien aux ménages éreintés par la vie chère. Pour le commun des Saoudiens, ce geste magnanime d’un souverain amoindri, réduit à réparer les fautes de son fils, est la preuve que la monarchie a encore assez d’argent quand il y a péril en la demeure.
Le péril, c’est que la hausse vertigineuse des prix du carburant et d’un certain nombre de produits de première nécessité, qui est entrée en vigueur depuis quelques jours dans ce pays, qui est le premier producteur de pétrole dans le monde, menace sérieusement de provoquer un mouvement de révolte. A voir l’acuité et la virulence des commentaires de nombreux cybermilitants saoudiens sur les réseaux sociaux, on devine un peu l’ampleur du marasme, notamment chez ces jeunes, que les promesses d’ouverture et autres initiatives populistes n’arrivent plus à berner.
Les Al-Saoud, comme d’ailleurs tous les autres dirigeants de la région en ce moment, savent que la moindre éruption de révolte peut provoquer le chaos. Surtout que leurs ennemis iraniens les attendent au tournant pour leur rendre la monnaie. Car, après les violents troubles qu’a vécus l’Iran pendant une semaine et imputés en partie aux services saoudiens, il fallait s’attendre à des réactions douloureuses de la part des Mollah. Ces derniers, pris de court par des contestations motivées au début par la cherté de la vie, n’ont pas su anticiper les événements pour éviter l’explosion qui a fait plus de 50 morts et des centaines de blessés et s’épargner ainsi le recours coûteux et contreproductif à la répression.
Hantés par ce scénario, les Al-Saoud sont prêts à tout pour acheter la paix sociale et calmer les tensions dans leur pays, y compris puiser dans les caisses noires, comme vient de le faire le roi Salman. Mais jusqu’à quand ?
R. M.
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