Retour inquiétant des menaces des résidus du FIS contre les intellectuels
Par Houari Achouri – L’intégrisme réussira-t-il dans sa tentative d’empêcher la société algérienne de bénéficier des «dividendes» de la victoire remportée sur le terrorisme islamiste dans notre pays ? Dans les médias et sur les réseaux sociaux, il y des signes indéniables de l’activisme de certains prêcheurs – bien plus nombreux qu’on pourrait le croire – qui «travaillent» les Algériens pour installer définitivement l’ambiance propice à l’action politique des islamistes qui n’auront, alors, aucune difficulté à prendre le relais.
Les indications données par les médias et les réseaux sociaux confirment que les premières «cibles» de l’intégrisme sont les femmes et les intellectuels. Dans certaines mosquées, mais aussi à partir de chaînes de télévision complaisantes, voire complices et autres supports, comme la presse écrite, un appui décisif est apporté à l’action des «prêcheurs» sur le terrain, notamment dans les établissements d’enseignement et les universités, mais aussi de façon diffuse dans pratiquement toutes les sphères de la vie publique.
S’agissant des femmes, c’est le même objectif que du temps où, dans les années 1980, l’imam Ghazali développait ses discours sur l’obligation du port du hidjab. Il faut croire que plus de 30 ans après – dont près d’une vingtaine d’années marquée par la forte pression exercée par le terrorisme – les «récalcitrantes» doivent être suffisamment nombreuses pour que l’opération soit reconduite, certes sous d’autres formes. Les lycéennes et les universitaires sont maintenant «invitées», parfois par note administrative officielle, à avoir un accoutrement vestimentaire «digne» d’une bonne musulmane et conforme à sa foi.
Le ciblage des intellectuels est d’une forme nettement plus agressive, à la mesure du danger que comportent pour les intégristes la pensée libre et l’esprit critique, ou tout simplement le pouvoir de raisonner si ces «aptitudes» arrivaient à se développer dans la société algérienne. Selon des témoignages recueillis à partir des réseaux sociaux, pour cette catégorie qui constitue l’élite de la population, c’est carrément la menace qui est mise en œuvre contre des écrivains, des journalistes, des blogueurs et des animateurs d’associations, accusés de tenir des propos antimusulmans, voire d’athéisme. Le but évident est de faire régner la peur dans les milieux intellectuels. L’écrivain Kamel Daoud a tiré la sonnette d’alarme sur cet aspect.
Les activistes qui animent la démarche d’«islamisation» sur la base des normes intégristes, faites d’interdits, n’ont évidemment pas la partie facile. On se souvient comment, il y a une trentaine d’années, les intégristes en étaient venus à vouloir convaincre les Algériens que la musique était péché, tout comme regarder la télévision ! Vainement. L’aspiration aux libertés individuelles reste forte dans la société algérienne. Mais personne ne peut écarter le risque d’un retour aux formes de pression agressives pour imposer à la population un mode de vie importé, en contradiction avec ses valeurs – en premier lieu religieuses – fondées sur la tolérance et le vivre-ensemble.
H. A.
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