Une semaine après avoir provoqué le Soudan : l’Egypte menace la Turquie
Par Sadek Sahraoui – Le général égyptien à la retraite Mahmoud Mansour a indiqué dans un entretien accordé samedi à la chaîne de télévision ITC que «la Turquie et la Qatar complotent toujours contre l’Egypte». Mahmoud Mansour, qui préside actuellement l’Association arabe pour les études stratégiques, qualifie, d’ailleurs, de «suspect» le récent déplacement du président turc Recep Tayyip Erdogan au Soudan. Pour lui, la Turquie n’a rien à y faire, surtout que la région est loin de chez elle.
Mahmoud Mansour rappelle que la mer Rouge est la zone d’influence de l’Egypte. Aussi, considère-t-il le projet d’Ankara de construire une base militaire au Soudan comme un casus belli. «Nous considérons comme une agression et une trahison toute initiative destinée à permettre à l’armée turque d’avoir un pied à terre dans la région», a-t-il menacé. Le président de l’Association arabe pour les études stratégiques, que l’on présente comme l’un des fondateurs des services secrets qataris, explique que face à une telle situation, Le Caire n’aurait alors d’autre moyen que d’agir pour protéger le canal de Suez.
Il est évident que le général égyptien Mahmoud Mansour n’aurait pas tenu un tel discours s’il n’avait pas eu l’accord du maréchal Al-Sissi, qui tient toujours rancune à la Turquie pour son soutien actif aux Frères musulmans égyptiens. Ce passif vient, en effet, aggraver une guerre de leadership que se livrent les deux pays dans la région. Le Caire et Ankara vont-ils vers le clash ? Difficile d’y répondre. Une chose est certaine, dans cette région du monde, un rien peut déclencher un incendie.
A noter que la sortie de cet ancien officier supérieur égyptien intervient à un moment où Khartoum accuse l’Egypte de chercher à l’entraîner dans une guerre. Le chef du comité technique pour les frontières du côté soudanais, Abdullah Al-Sadiq, a, d’ailleurs, dénoncé, la semaine dernière, la poursuite de ce qu’il a appelé «l’agression égyptienne» sur le triangle Halayeb. Pour lui, cette «agression» ne vise rien d’autre qu’à entraîner le Soudan dans des affrontements directs, avertissant que la poursuite de ces atteintes sera contreproductive pour les Egyptiens. Dans une interview à SMC, Al-Sadiq a appelé à la nécessité de trouver une issue pacifique à ce problème, ajoutant que, de toutes les façons, l’Egypte sera expulsée un jour ou l’autre de Halayeb.
S. S.
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