Des produits chimiques dangereux utilisés par certains agriculteurs
Par Houari Achouri – Les autorités sanitaires qataries viennent de renvoyer une cargaison de tomates d’Algérie pour sa trop haute teneur en pesticides. C’est ce que rapporte, en se référant à des sources informées, Le Soir d’Algérie, qui ajoute que cette cargaison était censée être exportée par un producteur privé sous le label «bio». Ce producteur, qui se croyait malin en exportant des produits sous le label bio au Qatar en pensant que les autorités locales ne contrôleraient pas ses tomates, a eu la réponse qu’il méritait.
C’est la preuve que des produits chimiques dangereux sont utilisés avec excès pour lutter contre les maladies et les insectes nuisibles, dans l’agriculture en Algérie. Ce problème est aggravé par l’absence de contrôle rigoureux, alors que leurs effets menacent la santé à la fois des agriculteurs eux-mêmes et des consommateurs qui achètent, évidemment sans le savoir, les produits contaminés.
C’est la course vers l’agriculture intensive pour répondre à l’exigence de la sécurité alimentaire, et dégager un surplus destiné à l’exportation, qui explique l’utilisation abusive de produits chimiques dans les pratiques agricoles, notamment dans le sud du pays, selon les spécialistes au fait de la question. On ignore les quantités de produits chimiques injectées, ces dernières années, dans l’agriculture saharienne, dont les mérites sont vantés pour les niveaux de production et les rendements élevés.
Il y a moins d’un mois, des spécialistes réunis pour une journée d’étude sur les pesticides et les produits phytosanitaires à usage agricole et leurs risques sur la santé publique, et qui connaissent donc parfaitement les dangers que comportent ces produits, ont recommandé leur utilisation rationnelle et, de préférence, le recours aux produits alternatifs, naturels et non nuisibles. Ils ont insisté sur la nécessité d’éviter surtout un usage excessif et abusif de ces produits chimiques et ont mis en garde contre leurs effets négatifs sur la santé de la population, mais également sur le sol, sur l’eau et l’environnement, y compris sur les insectes utiles.
Comme dans beaucoup d’autres secteurs, le grand problème réside dans le contrôle qui n’est pas effectué avec la rigueur exigée par les risques véhiculés par les engrais chimiques et les pesticides. Ce contrôle doit s’exercer, signalent les spécialistes, au moment de l’achat des produits qui sont importés de l’étranger et lors de leur utilisation, ainsi que sur les fruits et légumes récoltés, par la mesure du taux de pesticides, avant leur mise sur le marché. Ils citent justement le cas de la tomate cultivée en plasticulture. Ils affirment que les instructions techniques concernant l’utilisation des pesticides, notamment les doses et le délai avant la cueillette, pour la tomate, là aussi, ne sont pas respectées, mettant ainsi le consommateur en danger.
En Algérie, des associations de protection des consommateurs, s’appuyant sur les conclusions de médecins, ont réagi à des cas d’intoxication alimentaire provoqués par la présence de pesticides dans les produits agricoles destinés à la consommation. Elles ont appelé à prendre des mesures pour empêcher l’arrivée de ces produits contaminés dans les marchés et pour mettre la santé des consommateurs à l’abri des effets des pesticides et autres produits chimiques.
R. A.
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