Le CNDH au gouvernement : «Attention, la politique de la matraque c’est fini !»
Par Sadek Sahraoui – Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), mis sur pied l’été dernier par le président Bouteflika, ne prend apparemment pas sa mission à la légère. Au vue de sa réaction concernant la répression, la semaine dernière, par les unités de la DGSN de la grève des médecins-résidents, l’héritier de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH) veut pour tout le moins prouver qu’il n’est pas dans son intention de faire preuve de complaisance à l’égard des pouvoirs publics. Des autorités auxquelles il vient, d’ailleurs, d’adresser un carton jaune. Human Rights Watch n’aurait pas fait mieux.
A ce propos, le CNDH a tenu à exprimer son «vif regret» quant aux incidents survenus mercredi dernier lors de l’interdiction aux médecins-résidents de sortir de l’enceinte du CHU Mustapha-Pacha et fait part de sa «profonde inquiétude concernant tous les dérapages qui s’en sont suivis». Les responsables du CNDH vont même plus loin en rappelant que «la Constitution de 2016 stipule clairement dans son article 49 que la liberté de manifestation pacifique est garantie aux citoyens».
L’organisme géré par Mme Benzerrouki Fafa Sid Lakhdar pourrait suggérer par là que la décision des autorités de continuer à interdire les marches de protestation à Alger ne repose plus sur aucun argument objectif. La protestation du Camra serait-elle le prélude à la levée de cette interdiction instaurée à l’époque où Ali Benflis occupait le poste de chef du gouvernement ? Qui sait ! De nombreux observateurs considèrent en tout cas que la levée de cette mesure ne constituerait aucun danger pour la sécurité du pays.
Quoi qu’il en soit, le CNDH a appelé lundi soir dans un communiqué les médecins-résidents et la tutelle au «dialogue». Il les a exhortés, par ailleurs, à «placer le droit du citoyen à la santé, en particulier, et l’intérêt suprême du pays, en général, au-dessus de toute considération». Pour son premier vrai test, on peut dire que Mme Benzerrouki Fafa Sid Lakhdar a montré de quel bois elle se chauffe.
A rappeler qu’en plus d’Alger, les médecins-résidents ont organisé des marches dans plusieurs autres villes du pays pour demander l’amélioration de leur situation socioprofessionnelle et réitérer leur rejet du nouveau projet de loi sur la santé. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, avait affirmé, de son côté, au terme d’une réunion avec les représentants du Collectif autonome des médecins-résidents algériens (Camra), que les «revendications des médecins-résidents pour l’amélioration de leurs conditions de travail avaient été prises en compte par la mise en place de mesures incitatives dans le cadre des lois en vigueur».
Les médecins-résidents affectés dans les différentes wilayas du pays auront à leur disposition les moyens nécessaires, notamment le plateau technique et le logement, a précisé le ministre, soulignant que le service civil prendra une nouvelle forme dans le cadre du projet de la nouvelle loi sanitaire. Quant au service national pour les médecins, le ministre de la Santé a indiqué que son département «ne peut pas intervenir sur cette question qui relève de la compétence du ministère de la Défense nationale».
S. S.
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