Une délégation du Bahreïn à Tel-Aviv : le Golfe se jette dans les bras d’Israël
Par Houari Achouri – Des médias israéliens ont évoqué la visite en Israël d’une délégation officielle envoyée par le roi du Bahreïn, Hamad Bin Issa Al-Khalifa, dans le but d’exprimer sa volonté d’instaurer la coexistence pacifique entre l’entité sioniste et le petit émirat du Golfe. Le prétexte de cette visite est d’encourager la tolérance religieuse dans le monde.
En fait, Bahreïn veut être le premier Etat du Golfe à s’ouvrir et normaliser ses relations avec Israël, alors que, rappelons-le, il n’y a pas de relations diplomatiques entre ces deux pays. On parle d’une annonce dans ce sens qui serait faite cette année. Les dirigeants du Bahreïn estiment que leur ennemi n’est pas Israël, mais l’Iran. Ainsi, des contacts ont été établis entre les deux pays pour préparer le terrain à des visites réciproques autour des questions économiques et qui impliquent aussi la «société civile», dans la perspective de la signature d’accords – commerciaux dans un premier temps – qui s’élargiraient à d’autres domaines.
Il y a quelques mois, une délégation israélienne avait été reçue dans la capitale de ce très petit royaume du Golfe, Manama. Des sources israéliennes ont fait état de projets communs pour faciliter les séjours des citoyens bahreïnis en Israël, pour la construction conjointe d’un musée israélo-bahreïni en faveur de la «tolérance religieuse».
C’est le centre Simon-Wiesenthal, une organisation juive de droits de l’homme, établi Los Angeles, aux Etats-Unis, qui pilote la manœuvre du roi du Bahreïn. Les rabbins Marvin Hier et Abraham Cooper, qui dirigent le centre Simon-Wiesenthal, ont profité de leur séjour à Bahreïn l’an dernier pour inviter la délégation bahreïnie à visiter Israël. Et, selon les sources israéliennes, le roi n’y a vu aucun inconvénient.
L’initiative de l’émir du Bahreïn n’est pas isolée dans la région du Golfe. Elle fait partie d’une démarche qui implique également l’Arabie Saoudite, mais qui a été contrariée par le geste irresponsable et unilatéral du président américain Donald Trump qui a pris la décision de reconnaître El-Qods comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade des Etats-Unis. Cette décision, rappelons-le, a été condamnée par l’ONU presqu’à l’unanimité.
La logique anti-iranienne qui guide la politique des Etats du Golfe les pousse à se jeter dans les bras de l’entité sioniste. C’est ce qui explique la création, en gestation, d’une alliance entre l’Arabie Saoudite et Israël. La péripétie de la démission du Premier ministre libanais, Saad Hariri, fomentée par l’Arabie Saoudite pour entraîner Israël dans une aventure militaire au Liban, et à travers le Hezbollah, contre l’Iran, montre jusqu’où sont prêts à aller les dirigeants saoudiens. L’échec de cette manœuvre a ramené les pays du Golfe à leur politique des petits pas, pour créer les conditions de la normalisation des relations avec Israël et bâtir ensuite l’alliance anti-iranienne. La visite de la délégation bahreïnie en Israël s’inscrit dans ce cadre.
H. A.
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