Un navire chargé d’explosifs destinés à Misrata saisi : qui veut encore mettre le feu à la Libye ?
Par Sadek Sahraoui – Les autorités grecques ont déclaré avoir saisi cette semaine, près de l’île de Crète, un navire battant pavillon tanzanien se dirigeant vers la Libye et transportant des matériaux utilisés pour fabriquer des explosifs. Les gardes-côtes grecs ont notamment trouvé à son bord 29 conteneurs du nitrate d’ammonium, des détonateurs non électriques et 11 réservoirs de gaz de pétrole liquéfié vides. «Les matériaux étaient bien destinés à la Libye. Ils peuvent être utilisés pour la fabrication de bombes et dans des actes de terrorisme», a déclaré à la presse le contre-amiral Ioannis Argiriou.
Les premiers éléments de l’enquête ouverte par Athènes révèlent que la cargaison avait été chargée dans les ports turcs de Mersin et d’Iskenderum, et qu’initialement elle était destinée à Djibouti et à Oman. Les gardes-côtes grecs disent que ce n’est qu’après coup que le capitaine du navire a ordonné à ses subordonnés de prendre le cap pour la ville libyenne de Misrata pour y décharger toute la cargaison. La même source ajoute qu’aucun document attestant que le navire devait se rendre à Djibouti ou Oman n’a été trouvé.
La Libye est, rappelle-t-on, sous le coup d’un embargo sur les armes imposé par l’Union européenne et les Nations unies depuis 2011. Malgré cela, de nombreux pays continuent à fournir des armes aux principaux belligérants. Il est de notoriété publique, par exemple, que les Emirats arabes unis, l’Egypte, la France et la Russie aident militairement et financièrement le gouvernement de Tobrouk.
Le Qatar a pendant longtemps fait de même pour les groupes islamistes implantés à Tripoli. Mais la saisie maintenant d’une aussi importante quantité d’explosifs est problématique, surtout qu’elle intervient à un moment où la communauté internationale essaye de stabiliser la situation en Libye en vue d’y organiser des élections cette année. Il apparaît clair en tout cas que des acteurs locaux ou étrangers ont bien l’intention de mettre le feu à ce qui reste de la Libye. A moins que le but recherché soit de saborder le plan de paix de l’ONU.
S. S.
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