Survivre à Yennayer
Par R. Mahmoudi – Nul ne peut nier l’importance symbolique, socioculturelle et même psychologique que revêt cette première célébration officielle et nationale du Nouvel An amazigh, et nul ne peut ignorer – ni sous-estimer – son apport immédiat pour la préservation et la consolidation de la cohésion nationale. Néanmoins, il est tout aussi évident que le pouvoir a surexploité l’événement pour essayer d’en faire une sorte de «cache-misère», au moment où le citoyen est appelé à consentir de nouveaux sacrifices pour passer cette grosse turbulence économique qui s’abat sur le pays. Mais, malheureusement, les festivités et ces généreux banquets et couscous offerts à tout le monde ne durent qu’une journée. Il va vite falloir revenir à la réalité et affronter les défis qui guettent le pays, sans autre bouclier protecteur que celui de la bonne gouvernance et de la perspicacité.
S’il est vrai que cette journée de Yennayer a été comme un baume bienfaisant et a déjà l’avantage, pour le gouvernement, d’avoir signé une espèce de courte trêve sociale, en plein milieu de grèves et de contestations grandissantes dans plusieurs secteurs, le plus dur reste à faire. Comment faire pour éviter le spectre de «l’année blanche» qui se profile dans les écoles et les universités et, d’abord, celui des émeutes qui avaient commencé en Kabylie et brusquement stoppées après les décisions du chef de l’Etat (dont, justement, la consécration de Yennayer comme fête nationale) mais qui peuvent ressurgir pour d’autres motifs, ailleurs ? Quelles solutions préconiser pour résoudre les problèmes des médecins résidents et, plus globalement, de l’ensemble du secteur de la santé ? Quelle stratégie adopter face à la hausse effrayante du taux de chômage après le gel de toute opération de recrutement, y compris dans le secteur privé ?
Autant de casse-tête qui attendent un Exécutif qui, lui-même, n’assure pas sa propre survie.
R. M.
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