Bruit de bottes dans le Golfe : vers une guerre entre les Emirats et le Qatar ?
Par Sadek Sahraoui – Les Emirats arabes unis ont affirmé ce lundi que des avions de chasse du Qatar, pays avec lequel ils n’entretiennent plus de relations depuis juin dernier, avaient intercepté un avion de ligne émirati qui faisait route vers Bahreïn. Il s’agit d’une «menace flagrante pour la sécurité de l’aviation civile et d’une claire violation de la loi internationale», a affirmé l’Autorité générale de l’aviation civile émiratie dans une déclaration, sans plus de précisions.
Cet incident intervient trois jours après que Doha se soit plaint lui aussi auprès des Nations unies du viol le 21 décembre dernier par un avion de combat des Emirats arabes unis de son espace aérien. Le ministre qatari des Affaires étrangères avait expliqué sur Twitter avoir informé le Secrétaire général des Nations unies et le président du Conseil de sécurité que l’appareil émirati avait «survolé la zone économique exclusive du Qatar» pendant une minute «sans autorisation». «L’incident constitue une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Etat du Qatar, ainsi que des dispositions juridiques internationales», avait ajouté cheikh Mohamed Ben Abderrahmane Al-Thani.
L’accusation avait été démentie aussitôt par Abou Dhabi. Anwar Gargash, le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, avait rétorqué aussi sur Twitter que la plainte du Qatar était «fausse et confuse». «Nous travaillons pour répondre officiellement (à cette accusation) avec des preuves. Il s’agit d’une escalade et cela n’a pas de fondement», a ajouté Anwar Gargash.
La récurrence de ces accusations en un laps de temps assez court peut laisser entendre maintenant qu’un des deux pays cherche réellement à provoquer l’autre. Il est possible que ce soient les Emiratis qui cherchent à régler leurs comptent aux Qataris, surtout qu’ils ne sont pas les seuls à en vouloir à Doha. Le Qatar est, en effet, soumis depuis plus de sept mois à un blocus économique de la part des Emirats, de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn et de l’Egypte, qui l’accusent de soutenir le «terrorisme» (les Frères musulmans, ndlr) et d’être trop proche de l’Iran. Doha rejette en bloc les accusations qui ont conduit ses voisins du Golfe à rompre tout lien avec lui en juin et à lui imposer un blocus aérien, terrestre et maritime. Selon Doha, ces pays cherchent à mettre sa politique étrangère «sous tutelle».
S. S.
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