Trump et la «merde»
Par R. Mahmoudi – La plupart des dirigeants africains ont réagi aux propos attribués à Donald Trump sur les Africains soit individuellement, soit par le biais de l’Union africaine, qui s’est officiellement exprimée, samedi dernier, dans un communiqué condamnant ces remarques «blessantes» et «dérangeantes». «Ce n’est, selon moi, pas seulement blessant pour les gens d’origine africaine aux Etats-Unis, mais aussi pour les citoyens africains», a déclaré Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki.
Si la parole de l’Union africaine engage de fait l’Algérie qui en est membre, Alger n’a fait aucun commentaire officiel. Aucun responsable politique n’a jugé non plus utile de réagir à une offense qui cible pourtant l’ensemble des pays appartenant au continent africain, sans distinction. Les Algériens ne se sentent-ils pas africains au même titre que tous les autres peuples de ce continent ? La différence de couleur est-elle le seul élément expliquant cette indifférence chez les Algériens, et même aussi chez les autres peuples d’Afrique du Nord ? L’identité culturelle prime-t-elle sur la nationalité dans nos pays ? Quelle est la part d’africanité dans notre identité ?
Autant de questions qui tombent en plein débat sur les dimensions identitaires algériennes suite à la consécration d’une fête millénaire et païenne (Yennayer) comme journée chômée et payée en Algérie. Le silence de ceux qui revendiquent à tue-tête les racines africaines de notre culture prouve, en fait, que cette conscience dite africaine est souvent brandie pour afficher un désir de s’émanciper de la sphère arabo-musulmane.
Au plan diplomatique, Alger ne s’est pas, non plus, senti le devoir de convoquer l’ambassadeur des Etats-Unis, comme l’ont fait certaines capitales africaines, pour demander des explications ou des excuses officielles sur ces propos haineux et scandaleux du chef de la Maison-Blanche. S’il est vrai que l’Algérie ne peut, dans la conjoncture actuelle, se payer le luxe d’une telle initiative, son engagement et ses positions assumés par rapport à la crise migratoire qui agite à l’heure actuelle les pays d’Europe et d’Amérique et les pousse à prendre des décisions draconiennes, ne lui autorisent aucun renoncement. Car l’Algérie est en réalité doublement concernée par cette crise : à cause des vagues de migrants subsahariens et syriens qu’elle accueille sur son territoire, et qui posent un réel problème, mais aussi de ses propres migrants (les harragas) qui tentent désespérément de rejoindre la rive nord de la Méditerranée, leur seule et unique destination pour l’instant !
R. M.
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