Quand le G5 Sahel mis en place par la France booste le terrorisme en Afrique
Par Sadek Sahraoui – Au lieu de les contenir ou les neutraliser, la force du G5 Sahel, récemment mise sur pied par la France, a, au contraire, amené les différents groupes terroristes activant dans la région à se serrer les coudes et à être plus offensifs. Une organisation se réclamant du groupe Daech a assuré à ce propos que l’ensemble des «djihadistes» du Sahel ont décidé de lutter sous la même bannière contre la force conjointe du G5 Sahel. Le chef terroriste Adnan Abou Walid Sahraoui, à la tête de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), a même parlé d’une «union sacrée» avec l’héritier d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Du jamais vu.
Le nouveau groupe né de cette union a déjà revendiqué une série d’attaques contre la force française Barkhane et l’armée malienne. Il faut dire que les terroristes opérant dans le Sahel sont rompus au jeu de la «riposte immédiate». Au début du mois de décembre dernier, ils avaient déjà prévenu qu’ils ne resteraient pas les bras croisés face à la force du G5 Sahel. «Nous allons tout faire pour que le G5 Sahel ne s’installe pas dans cette zone», avait déclaré un proche d’Adnan Abou Walid Sahraoui qui s’est identifié comme «Amar», le porte-parole du groupe terroriste. «Nos frères Iyad Ag Ghali et les autres moudjahidine défendent comme nous l’islam», a-t-il dit, en référence au chef targui malien du groupe Ansar Dine, à la tête du «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans», principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda et formée en 2017.
Le porte-parole de Daech au Sahel a précisé que «pour combattre les mécréants, nous nous donnons la main», ajoutant que son groupe maintenait son allégeance à Daech. «Nous allons continuer à lutter ensemble», a-t-il soutenu. Ces déclarations sont intervenues à la veille de la réunion, lundi à Paris, des ministres de la Défense des Etats membres du G5 Sahel et des pays donateurs, dont la France. Elles confirment des informations récentes de sources sécuritaires et militaires occidentales faisant état d’une coopération renforcée sur le terrain entre divers groupes terroristes du Sahel.
Dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait également jugé «extrêmement préoccupante» la situation dans le nord et le centre du pays, «en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu davantage d’actes terroristes ou liés au terrorisme que dans l’ensemble des cinq régions du nord». Evoquant dans ce rapport, rendu public le 6 janvier, les responsabilités respectives du «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans» et de l’EIGS dans ces attaques, il a précisé que «la Minusma a reçu aussi des informations selon lesquelles les deux groupes agissaient en parallèle et, probablement, en collaboration».
Autant dire que le G5 Sahel aura du pain sur la planche.
S. S.
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