L’étrange demande des juifs d’Algérie au ministre des Affaires religieuses
Par R. Mahmoudi – Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a révélé, ce mardi, avoir reçu une lettre des représentants de la communauté juive en Algérie pour lui demander de «ne pas ouvrir des lieux de culte» dédiés aux juifs, du fait que ces derniers «n’en ont guère besoin» et qu’ils «ne sont pas obligés d’y accomplir leurs prières», d’autant plus qu’ils «ne sont plus assez nombreux».
Au cours de son intervention, rapportée par le site Sabq Press, le ministre a mis l’accent sur le fait qu’il n’existait pas de «minorités religieuses» en Algérie, mais seulement des «communautés», à l’instar de la communauté africaine chrétienne, tout en affirmant que l’Etat «assure à toutes ces communautés des lieux de culte pour leur permettre de pratiquer leur confession en toute liberté».
Pour rappel, Mohamed Aïssa avait annoncé la réouverture des lieux du culte juifs dès son avènement à la tête du ministère des Affaires religieuses en 2014, mais sans jamais avoir précisé la date. Cette annonce avait suscité des remous à cette époque marquée, notamment, par une escalade militaire israélienne contre la population de Gaza.
Le ministre avait affirmé, à l’époque, qu’il n’avait reçu aucune demande pour la réouverture de la synagogue fermée dans les années 1990 pour des raisons de sécurité. Cette étrange réponse des représentants des juifs d’Algérie mettra-t-elle un terme à ce projet ?
Episodiquement épinglé sur les libertés religieuses aussi bien par Washington que par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, l’Algérie s’est toujours défendue d’avoir opprimé les communautés religieuses reconnues comme telles. Pour les autorités algériennes, ce qui est combattu, car formellement interdit par la loi, ce sont les actions de prosélytisme, de quelque tendance ou croyance qu’elles soient. D’ailleurs, plusieurs structures fondées par des partisans de sectes se réclamant pourtant de l’islam, comme El-Ahmadiya et des groupes chiites, ont été démantelées au cours de ces derniers mois.
Mohamed Aïssa campe sa position, en rappelant que la loi algérienne est «stricte» en matière de pratique d’autres cultes que l’islam et est, en même temps, «ouverte». «Il n’existe aucun danger pour les lieux sacrés des autres religions en Algérie, qui est capable de les protéger», a-t-il souligné.
R. M.
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