Maroc : la population de Jerada ne décolère pas
Par Sadek Sahraoui – Le «plan d’urgence» dévoilé mardi par le Makhzen n’a pas convaincu la population de Jerada, qui refuse de cesser son mouvement de protestation tant que les autorités marocaines n’auront pas donné de réelles assurances. Un nouvel appel à la grève générale a été lancé pour ce vendredi pour demander des investissements et des emplois dans cette région désindustrialisée du nord-est du Maroc. La population veut des mesures concrètes capables de sortir rapidement leur région de l’abandon.
Les jeunes leaders du mouvement de contestation sont, en effet, restés sceptiques face aux promesses gouvernementales, surtout que l’exemple rifain est là pour prouver que Rabat ne tient pas ses promesses. «Ils ne veulent pas aller travailler à Kenitra ou Tanger. Ils demandent des investissements et des emplois sur place pour sortir leur région de l’abandon», a déclaré à la presse marocaine Saïd Zeroual, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Loin de s’estomper, le mouvement de protestation de Jerada semble, au contraire, se durcir. Preuve en est, les habitants de cette localité déshéritée et oubliée ont cheminé pour la première fois vers le village voisin de Hassi Blal, le plus marginalisé de la région. Ils voulaient ainsi témoigner leur solidarité avec cette population qui s’est mobilisée avec eux dès le début de leur mouvement.
Depuis la mi-décembre, Jerada, la ville berceau du syndicalisme marocain, connaît des manifestations quasi-quotidiennes avec à chaque fois de nouvelles formes de protestation (visages teints en noir, bouches couvertes, pain noir…). Le mouvement social s’est structuré autour des jeunes des quartiers sans encadrement politique ou associatif. Malgré la visite du ministre de l’Energie et des Mines, Aziz Rebbah, début janvier, pour dialoguer avec les manifestants, la tension ne faiblit pas. Jerada comme le Rif sont symptomatiques de la colère politico-sociale qui couve au Maroc. Une colère tellement forte qu’elle peut emporter à tout moment le makhzen.
S. S.
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