La leçon africaine
Par Sadek Sahraoui – Ce n’est pas seulement grâce à leur arsenal militaire que les Etats-Unis arrivent à exercer leur diktat sur le monde. Ils y parviennent, car beaucoup refusent même d’essayer de leur tenir tête. Washington et ses soutiens occidentaux puisent l’essentiel de leurs forces dans les lâchetés et les reniements des pays qu’ils cherchent à placer sous leur botte.
L’exemple le plus célèbre de cette lâcheté est sans conteste celui de l’Arabie Saoudite, qui, sous prétexte d’acheter sa sécurité, accepte sans broncher de se faire racketter plusieurs centaines de milliards de dollars à chaque fois qu’un nouveau président américain arrive à la Maison-Blanche.
Les Saoudiens se font livrer presque chaque année – et cela depuis les années 1950 – des centaines de missiles, de chasseurs dernier cri et d’armes qu’ils n’utiliseront sans doute jamais. Riyad possède aujourd’hui tellement d’armes qu’elle a dû s’inventer une guerre au Yémen pour faire de la place dans ses stocks et continuer ainsi à faire tourner à plein régime le complexe militaro-industriel américain.
Plus près de nous, le groupe des ambassadeurs africains aux Nations unies a, en revanche, montré que même en ne pesant que très peu sur l’échiquier international, il est possible de se faire respecter et être craint par les plus grands. Mieux que cela, ce groupe a donné la preuve que les Etats-Unis ne sont pas une fatalité que les peuples d’Afrique sont obligés d’endurer toute leur vie. Cela à la condition bien entendu que ces mêmes peuples unissent leurs forces.
C’est justement ce que les ambassadeurs africains ont fait lorsqu’il a été question pour eux d’adopter une position ferme concernant les insanités proférées la semaine dernière par Donald Trump à l’égard des pays africains. En se serrant les coudes et en se montrant solidaires, ils ont fini par obliger jeudi Washington à formuler des regrets. Il s’agit là de la preuve que l’adage selon lequel l’union fait la force est encore valable. Les Arabes, qui ont toujours eu un regard condescendant à l’égard des Africains, devraient en prendre de la graine.
S. S.
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