Accueil fraternel réservé à Bourita à Alger : les Marocains sceptiques
Par Karim B. – Les Marocains ont été unanimes à considérer l’accolade fraternelle entre Abdelkader Messahel et Nasser Bourita comme un geste de circonstance, une attitude éminemment diplomatique qui ne reflète pas l’état réel des relations tumultueuses qui lient les deux pays. Du moins, si on en croit les commentaires des lecteurs marocains qui ont donné leur avis sur la présence de leur ministre des Affaires étrangères à Alger à l’occasion du Dialogue 5+5.
Pour ces commentateurs, l’accueil chaleureux réservé par l’Algérie au représentant de Mohammed VI est un «faux semblant» et une «ruse». «Comment un ministre qui accuse le Maroc d’être le pays du haschisch et du blanchiment d’argent peut-il embrasser (son homologue marocain) comme si de rien n’était ?», s’interroge cet internaute pro-Makhzen qui accuse l’Algérie de nourrir une «haine viscérale» envers le Maroc. Ces Marocains ont repris en chœur un proverbe qui, traduit, signifie à peu près ceci : les intérêts transcendent l’animosité. Les Marocains insinuent, à travers cet adage, que l’Algérie et le Maroc n’ont d’autre choix que de composer pour faire face main dans la main aux défis communs qu’ils doivent affronter ensemble, sans pour autant que cet effort partagé signifie une quelconque entente cordiale entre les deux capitales.
«La diplomatie est ainsi faite : protocole, hypocrisie et artifices», note cet autre Marocain qui rejoint la majorité de ses concitoyens dans leur scepticisme. «Avant le 5+5, il faudrait un 1+1», ironise un autre, qui semble vouloir dire que l’Algérie et le Maroc doivent s’asseoir à une même table des négociations et mettre à plat tous les litiges qui empêchent une réconciliation vraie et définitive. «Mais, objecte un autre, les régimes du Makhzen et d’Alger ne s’intéressent qu’à leurs propres intérêts et ne se soucient guère de ceux de leurs peuples.» Et d’asséner : «Le Maroc est prêt à s’allier avec le diable pour défendre les intérêts du lobby économique marocain connu de tous.»
Les avis des citoyens marocains convergent vers un rapprochement sincère entre les deux pays et une politique de «bon voisinage», par-delà les antagonismes et les incompatibilités, tandis qu’une infime minorité appelle à l’escalade «quoi qu’il en coûte».
K. B.
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