Le temps perdu

Que de drames ! berbère
Que de drames ! Que de temps perdu ! New Press

Par Sadek Sahraoui Cela fait maintenant 12 jours depuis que le président Bouteflika a annoncé sa décision de rehausser Yennayer, le nouvel an berbère, au rang très valorisant de fête nationale. Contrairement à tous ceux qui pensaient que la réhabilitation du patrimoine amazigh allait sonner le glas de l’unité nationale et provoquer un début de guerre civile, l’initiative du chef de l’Etat a permis, au contraire, de souder davantage les Algériens et d’atténuer de façon considérable le sentiment d’exclusion que ressentais jusque-là de très nombreux Algériens dans de très nombreuses régions. Un sentiment d’exclusion nourrit justement un effroyable déni identitaire.

Il est certain que depuis le 27 décembre dernier, des millions d’Algériens se sentent encore plus fiers d’appartenir à ce bel espace qui s’appelle l’Algérie et qui puise sa force dans près de 4 000 ans d’histoire. Oui, les Maghrébins de façon générale sont un vieux peuple qui a apporté aussi sa contribution à l’histoire de l’humanité. Et nous pouvons tous en être fier.

Avec la consécration de Yennayer comme fête nationale, la boucle est sur le point d’être bouclée. Il ne reste plus à l’Etat algérien qu’à généraliser l’usage et l’enseignement du berbère pour que sa promesse de réhabiliter la dimension amazighe de l’Algérie soit réalisée. En attendant, il faut tout de même reconnaître qu’au plan des textes, le dossier de l’amazighité a évolué à une vitesse grand «V». La question a fait le gros du chemin puisque tamazight est déjà langue nationale et officielle. Il ne reste plus qu’à mettre en musique tout cela. Il semble maintenant que la question est plus du ressort des spécialistes que des politiques.

Tous ceux qui ont exprimé ouvertement ou en catimini leur opposition à l’entreprise de réconcilier les Algériens avec leur culture millénaire peuvent donc aisément remarquer aujourd’hui que la valorisation de tamazight n’a pas provoqué «la chute de Koléa» (un désastre, nda). N’en déplaise à ces personnes qui viennent, d’ailleurs, de perdre là un fonds de commerce politique, l’Algérie en sort même plus forte et plus stable. Positif, en effet, le constat nous amène même à regretter que l’Etat n’ait pas pensé à prendre le problème à bras-le-corps dès les premières années de l’indépendance. Cela aurait sans doute permis à l’Algérie de gagner un temps précieux et d’éviter de nombreux drames. Que de temps perdu inutilement. Mais comme dit l’adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

S. S.

Comment (9)

    Tangoweb 54
    26 janvier 2018 - 16 h 58 min

    Monsieur Sahraoui, merci pour votre article, mais je pense que vous vous tromper en pensant que la reconnaissance de Tamazight comme langue nationale et officielle ainsi que l officialisation de Yanner va souder l unité du peuple Algerien, la il me semble que vous ignorez le but des extrémistes separatistes Kabyles et à leur tête le MAK, ces gens sont près a tout quitté a mettre l Algerie a feu et à sang, vous n avez qu’ avoir leur slogans, anti Islam, anti Arabe, anti Algériens Arabophones etc..il faut visiter leurs sites pour comprendre le but de ces gens pleins de haine et d animosité contre tout ce qui symbolise l Islam et l Arabite

    ldzayrtamurtnagh
    24 janvier 2018 - 22 h 27 min

    Algeripatriotique qui écrit un article favorable à l’identité réelle de l’Algérie ! Voilà une belle surprise ,après que ce média ait douté du patriotisme des imazighen et qu’il ait accusé les militants de cette cause juste d’être manipulés.Il n’est jamais trop tard pour bien faire ! A la bonne heure !

    moh_blida16000
    24 janvier 2018 - 18 h 25 min

    Hi All, azul, salam,

    une Algérie plurielle, multiculturelle, multiconfessionnelle, democratique apaisée et qui est tournée vers la modernité est une chose magnifique. Oui, l Amazighité a avancé a vitesse V qu’on le veuille ou non.

    Ces acquis vont crée de meilleur conditions de fraternité entre Algériens, amazigh, arabe, arabophone pour un pays fort et une mosaïque culturelle riche. la différence st une grande richesse ce que nous avons mis du temps a comprendre, donc, oui, il n est jamais trop tard pour bien faire.

      Chaoui
      24 janvier 2018 - 20 h 18 min

      Ya si « Moh » ! Nous n’avons pas cent identités. Nous n’en avons qu’UNE. Elle est…Algérienne. Nous sommes TOUS Kabyles. Nous sommes tous Chaouis. Nous sommes tous Mzab. Chacune des composantes de nos régions sont NOUS. L’Algérie n’existe ni depuis 1962, ni depuis l’an 670. Elle est pluri-millénaires. Certes, chacune de nos régions à ses spécificités mais comme partout dans dans le monde. C’est ça qui fait notre richesses et à la fois notre force.
      A regarder ce qui se passe autour de nous, nous ne pouvons que nous féliciter de voir notre pays comme un havre de paix grâce à la majorité des Algériens que nos épreuves passées ont mûris et rendu lucide, mais aussi néanmoins grâce à notre Etat qui a su sanctuariser notre pays. On peut se dire que tout n’est pas parfait mais c’est à chacun de nous d’y mettre du sien pour que demain soit meilleur.
      Nous n’avons pas à nous demander ce que l’Algérie peut faire pour nous mais plutôt ce que NOUS nous pouvons faire pour l’Algérie.

    Felfel Har
    24 janvier 2018 - 16 h 05 min

    Il n’y a pas que la question identitaire qui a accusé un retard. « Mieux vaut tard que jamais » dit l’adage et ne boudons notre plaisir de l’avoir réglée! Le temps perdu dans notre développement socio-économique est autrement plus grave et problématique. Depuis 20 ans, nous faisons du « sur-place », nous stagnons, nous improvisons, nous gaspillons nos ressources, nous compromettons nos chances de devenir la puissance régionale que nous aurions dû être si nous avions eu des leaders à la hauteur des enjeux et des défis. Nous avons recouru à la facilité quand nos poches étaient pleines, mais nos dirigeants n’avaient aucune idée des mesures à prendre pour soutenir l’effort de développement. En sus de leur incompétence, ils se sont illustrés par leur propension à la prévarication et au gaspillage de ressources, notamment financières. « Le temps perdu ne se rattrape jamais » nous a-t-on appris à l’école primaire, mais il est toujours temps de corriger le tir et de faire appel à de vraies compétences et de s’armer de l ‘esprit de combat sacré pour reprendre le chemin de la prospérité. C’est dans un climat « d’économie de guerre » que le Japon et la Corée du Sud se sont hissés au rang de puissances économiques, alors qu’ils ne disposent pas d’un 10ème des ressources de l’Algérie. Sans bénéficier des ressources financières comparables à celles de l’Algérie, l’Éthiopie est entrain de devenir un dragon en Afrique de l’Est. A bon entendeur!

    LOUCIF
    24 janvier 2018 - 14 h 13 min

    Chers amis lecteurs de Algérie Patriotique, il faut qu’on se le dise une fois pour toute : la lutte pour la reconnaissance et la réhabilitation de Tamazigh n’est pas … »un fonds de commerce politique » …comme le pensent et le disent certains ! Ce n’est nullement le cas et en plus qu’on se le dise depuis Alger à Tamanrasset et d’Oran à Annaba !

      Anti Khafafich ⴰⵎⴳⵉⵍⵍ ⵜⵉⵢⵉⵍⵍⵉ
      25 janvier 2018 - 5 h 47 min

      ou as tu mis Tlemcen ? au marrok ??? es tu Algérien ou marocain pour ne pas savoir qu’à la frontière ouest il y a Tlemcen et non Oran ?

    MELLO
    24 janvier 2018 - 13 h 54 min

    L’histoire moderne des algériens est une succession de luttes contre toutes les multiples formes de la domination qui s’est imposée sous les visages successifs du colonialisme, de la dictature autoritariste et maintenant d’un despotisme de moins en moins soucieux de masquer sa nature.
    Une nature brutale qui transparaît dans l’outrance. Avec une débauche de moyens pour Bouteflika déguisé en « candidat » et en « indépendant », dans une partition jouée d’avance avec l’argent et les institutions de l’Etat mis au service d’un homme qui incarne la pérennité du système. Un système honni par les algériens qui paient jour après jour le prix de cette longévité.
    Ce qui caractérisait l’Algérien, c’était le sens de la dignité. Il se respectait en respectant les autres. C’est en ayant le respect de l’autre qu’il arrivait à se respecter. Un Algérien, pour être algérien à part entière, doit avoir ses droits civiles et politiques, et arracher ces droits : le droit d’être citoyen, le droit de militer dans un parti politique quel qu’il soit. Militer, c’est s’engager pour un idéal et je pense que le bilan le plus noir des trois décades passées, c’est le fait qu’on ait enlevé aux Algériens les valeurs de l’algériannité : la dignité et la solidarité. Pour être totalement algérien, on devrait parler deux langues nationales : l’Arabe et Tamazight.
    Le plus grand tort, non seulement du monde arabe mais aussi des pays du tiers monde, c’est d’avoir laissé le champ libre aux adversaires notamment aux sionistes. Les Arabes ont laissé les Droits de l’Homme devenir presque le monopole du sionisme et cela constitue la plus grande déception et la plus grande bêtise du monde arabe. L’arabisation est vraiment l’essentiel parce que l’option de l’école a été faussée par la volonté démagogique de quelques-uns d’engager l’Algérie dans une voie aussi étroite. Ce qui est fondamental c’est que l’on puisse revoir les assises de l’école algérienne pour préparer les consciences et les intelligences du développement.
    « Les autres risques encourus par le pays et non plus par le seul régime : déroute politique, économique et morale qui découlent des choix désastreux opérés par une oligarchie militaro-marchande déterminée à spolier le peuple algérien de ses droits et de ses richesses, ces risques-là, Bouteflika et ceux qui l’ont adoubé aux commandes du pays ne les voient pas. Plus grave, ils s’en accommodent. » Ceci ne doit pas nous dédouaner en tant qu’algériens, de toutes obédiences mais unis par un même souci de démocratie, de liberté et de justice, de faire nos bilans respectifs et d’assumer notre part de responsabilité dans la trop longue durée de chacun de ces épisodes de domination. Livrés à tous les prédateurs, des pans entiers de notre société s’effondrent, brisés par la misère, la violence et le règne de l’argent.
    Nos enfants se jettent par centaines à la mer pour ne plus vivre l’enfer qu’est devenu notre pays. Peut-on accepter que cela soit la seule façon de résister aujourd’hui ?
    Il est urgent que cela cesse. Si il n’y a plus rien à attendre de ce pouvoir, il y a tout à attendre de chacun d’entre nous.
    Nos enfants ne nous pardonneront jamais d’avoir abdiqué.
    C’est notre responsabilité de leur rendre espoir en cette Algérie à laquelle tu as tout donné.
    C’est notre responsabilité de trouver en nous la force de nous dépasser pour la liberté et la dignité d’un pays, l’Algérie, auquel nous sommes des millions à n’avoir pas renoncé.
    La haine risque de réamorcer la pompe de la violence, aussi bien dans la rue qu’entre les factions au pouvoir. Une seule alternative pourra sauver l’Algérie d’une guerre civile généralisée, et lui épargner les conséquences des règlements de comptes interclaniques à la Yémen du Sud: rendre la parole et l’État au peuple algérien, en lui restituant sa souveraineté pleine et entière. L’annonce de l’élection d’une assemblée Nationale Constituante, sur la base du multipartisme et du respect des libertés démocratiques est le seul acte révolutionnaire susceptible de ramener la paix, la concorde et l’espoir.

    Chaoui
    24 janvier 2018 - 12 h 47 min

    Oui. Que de temps perdu !
    On voulait être les autres avant même d’être nous-mêmes, jusqu’à nous nier quand se nier c’était aussi bien régresser.
    Peut-être nous fallait-il toucher le fond pour mieux remonter l’escalier qui mène vers la lumière !
    Non à nous redéfinir mais à nous reconstruire avec tout ce qui constitue notre identité propre pluri-millénaires.
    Nous ne pouvons qu’en sortir grandit, plus grands et plus forts.
    Vive l’Algérie !

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