Cynique Erdogan
Par R. Mahmoudi – Que signifie la poursuite de l’offensive de l’armée turque – cyniquement baptisée «Rameau d’olivier» – contre le bastion kurde en territoire syrien, dans l’impunité totale et l’indifférence de la communauté internationale ? Pourquoi les Etats-Unis sont-ils incapables de dissuader Ankara d’attaquer leurs protégés kurdes, alors qu’à la libération de Rekka ils avaient décidé de rester en Syrie contre la volonté même de Damas ? Qui est complice avec qui dans cette affaire ?
Quels que soient les raisons et les soubassements de cette razzia turque, l’attitude américaine vis-à-vis des milices kurdes de Syrie montre que les capacités de dissuasion des Etats-Unis sont aujourd’hui trop faibles pour empêcher l’invasion d’un territoire «ami» par une autre armée. Pour la première fois peut-être dans l’histoire contemporaine, les avertissements lancés solennellement par le chef la première puissance mondiale ont été royalement ignorés par des assaillants qui n’ont plus peur de rien. Mieux, Erdogan, remettant son costume de sultan néo-ottoman, ose demander à son homologue américain de cesser de fournir des armes aux miliciens kurdes. Ce sentiment de puissance qui ressurgit chez le suzerain turc est tel que les observateurs internationaux craignent qu’il soit tenté de lancer d’autres expéditions à la conquête des territoires perdus.
Ce grave précédent peut inciter désormais n’importe quelle puissance dans la région à envahir des pays voisins, sans crainte de représailles de qui que ce soit, et à faire la loi. Cette logique d’impunité a, à vrai dire, de tout temps existé au Moyen-Orient, sous la protection militaire et politique de Washington, comme ce fut le cas au Yémen. Mais, cette fois-ci, plus de bouclier protecteur, plus d’impunité assurée aux agresseurs.
R. M.
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