Entrée du Maroc au CPS : le Makhzen jubile et nargue l’Algérie
Par Sadek Sahraoui – La majorité de la presse marocaine perçoit l’entrée du Maroc au Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine (CPS) comme une victoire de Mohammed VI sur l’Algérie. Dans un article intitulé «Le Maroc dame le pion à l’Algérie au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine», Lesiteinfo.com présente l’opération réalisée par le Makhzen comme étant «une belle et cinglante réponse du berger à la bergère !».
360.ma, le plus anti-algérien des médias marocains, estime, pour sa part, que le Maroc a «évincé» l’Algérie du CPS. «Un an après son retour triomphal à l’Union africaine, le Maroc a été élu au Conseil de paix et de sécurité de l’instance continentale, recueillant plus des deux-tiers des voix nécessaires, en dépit des manœuvres des ennemis de l’intégrité territoriale du royaume», écrit 360.ma, qui soutient, par ailleurs, que «le Maroc conforte sa position et récolte déjà les fruits de sa vision stratégique et de ses orientations politiques pour consolider l’enracinement de son africanité».
Citant le quotidien Al Ahdath, 360.ma estime que l’élection est «historique eu égard aux manœuvres orchestrées par les ennemis de l’intégrité territoriale du royaume». Et de préciser : «Le Maroc a accédé ainsi à une instance qui a toujours été manipulée contre ses intérêts. L’Algérie a toujours manœuvré au sein de cette institution pour concocter des plans et valider des décisions contre les intérêts du royaume».
De son côté, le site yabiladi reprend abondamment le ministre marocain des Affaires étrangères, Nacer Bourita, qui se félicite du fait que «le Maroc a gagné malgré les actions de sabotage». Nacer Bourita s’est employé à transformer une élection banale en une éclatante victoire politique. Le Maroc était le seul candidat en lice. «Nous avons gagné malgré les actions de sabotage visant à nous mettre les bâtons dans les roues. Un sabotage qui s’est poursuivi jusqu’à la dernière minute, juste avant les élections, pour nous empêcher d’avoir les deux tiers nécessaires pour gagner», s’est félicité Nasser Bourita. Le chef de la diplomatie a, par ailleurs, salué «la reconnaissance de l’action» du roi Mohammed VI sur le continent, «mais aussi la contribution du Maroc aux actions de maintien de la paix en Afrique».
Pour le site du quotidien Libération, qui reprend également des déclarations de Nacer Bourita, «être présent dans le Conseil de paix et de sécurité permettrait de faire obstacle à toutes les manipulations qui visaient à instrumentaliser cet organe par rapport à des agendas bien connus de certaines parties».
Libération tend, par ailleurs, le micro à Moussaoui Ajlaoui du Centre d’études pour l’Afrique et le Moyen-Orient (AMES-Center). Cette personne, qui est présentée comme un expert, pense que «la présence du Maroc au CPS est fort importante, car par le passé, cet organe clé au sein de l’UA était instrumentalisé par les ennemis du royaume dans l’affaire du Sahara marocain». «Cet organe s’est converti depuis 2013 en instrument de pression utilisé par le lobby anti-marocain. L’on sait que le CPS avait désigné Joaquim Chissano en 2014 comme Envoyé spécial de l’UA au Sahara», a expliqué Moussaoui Ajlaoui. Et d’ajouter que «la mainmise de l’Algérie et de l’Afrique du Sud sur la présidence de cette instance a converti celle-ci en instrument qui sert les intérêts et la politique extérieure de ces deux pays».
Dans un article intitulé «Pourquoi l’élection du Maroc au CPS de l’Union Africaine est une bonne nouvelle», le journal La dépêche avertit que «(…) bien que l’intégration de cette importante instance par le Maroc constitue un atout diplomatique qui s’ajoute à d’autres percées sur le continent, la bataille n’est pas terminée». «La délégation marocaine devra, en effet, gagner du terrain au sein du CPS, présidé depuis sa création par l’Algérie. Le conseil ne cache pas ses positions hostiles envers le Maroc sur la question du Sahara Occidental, comme celle exprimée dans un communiqué du 23 mars 2017, où il appelait à « la tenue du référendum d’autodétermination » au Sahara Occidental, et dans un tweet condamnant les “violations des droits de l’Homme par la Maroc au Sahara Occidental”», rappelle le média marocain.
S. S.
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