Gel de l’aide américaine : le chef de l’UNRWA dénonce une décision «politique»
Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a soutenu, mardi, que le gel de l’aide américaine à l’organisation onusienne revêtait un caractère «politique» et lancé un appel d’urgence de 800 millions de dollars (646 millions d’euros). «Il est très clair que la décision des Etats-Unis n’est pas liée à notre performance», a déclaré à Genève Pierre Krahenbuhl, lors de la présentation de l’appel de fonds devant les médias.
«Il n’y a aucun doute que si aucune solution n’est trouvée au déficit (…), il y aura une instabilité accrue» dans la région, a-t-il mis en garde. Dans un contexte de vives tensions américano-palestiniennes, l’administration Trump a annoncé, en janvier, suspendre le versement de plusieurs paiements, abaissant la contribution américaine à 60 millions de dollars contre 360 prévus initialement, selon Krahenbuhl.
«J’ai eu des entretiens (aux Etats-Unis) en novembre de l’année passée, y compris avec Jared Kurschner», le gendre et proche conseiller de Donald Trump, et «les dynamiques étaient positives», «il y avait une détermination de soutenir» l’organisation onusienne, a expliqué le chef de l’UNRWA.
«La seule chose qui est intervenue depuis, c’est tout le débat autour» d’El-Qods, a-t-il fait valoir, en référence au vote, en décembre, de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant la décision de Donald Trump de reconnaitre El-Qods comme capitale d’Israël. «En ce sens», la décision américaine a «un caractère politique», a-t-il assuré.
Financée par des contributions volontaires des Etats membres de l’ONU, l’UNRWA est un acteur primordial dans la bande de Ghaza, où plus des deux tiers de la population dépendent de l’assistance étrangère.
Krahenbuhl a expliqué que plusieurs pays, comme la Belgique, le Koweït, les Pays-Bas et l’Irlande, avaient d’ores et déjà indiqué qu’ils allaient payer plus tôt que prévu leurs promesses de dons afin d’aider l’UNRWA.
D’autres pays seraient prêts à s’engager davantage, a-t-il dit, mais il a estimé qu’il fallait créer une «véritable alliance pour combler» le «trou» créé par le gel de l’aide des Etats-Unis, jusqu’à présent principal contributeur de ce fonds. «D’un point de vue financier, c’est la pire crise» de notre histoire, a-t-il conclu.
Sur les 800 millions de dollars demandés par l’agence de l’ONU pour 2018, près de la moitié permettra d’aider les Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. L’autre moitié est destinée à aider les réfugiés palestiniens en Syrie.
R. I.
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