La bombe sahélienne
Par Sadek Sahraoui – La série d’attentats qui a endeuillé cette semaine le Mali accrédite l’idée défendue depuis quelque temps déjà par de nombreux spécialistes que la guerre contre le terrorisme au Sahel encore loin d’être gagnée. Quelques experts soutiennent même qu’elle ne fait que commencer. Le point de la situation sécuritaire concernant la zone, fait hier par le Conseil de paix et de sécurité (CPS), confirme que les opérations Serval et Barkhane n’ont réussi qu’à modifier la carte du terrorisme au Sahel.
Dans son analyse du risque terroriste en Afrique du Nord et au Sahel, le CPS laisse même entendre qu’il y a lieu de s’attendre à une dégradation de la situation en raison du fait que de nombreux éléments de la «légion africaine» de Daech s’apprêtent à revenir sur le continent. Et là on ne parle pas de 100, de 300 ou même de 1 000 terroristes mais de 6 000 hommes entraînés, armés et rompus aux techniques de la guérilla urbaine. Ils l’ont déjà montré dans d’autres théâtres de crises : ces terroristes sont capables de déstabiliser des pays comme le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie les yeux fermés.
Le très discipliné commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine prévient aussi qu’il ne sera pas facile de neutraliser cette nouvelle caste de terroristes puisqu’en plus d’avoir une parfaite connaissance du terrain, ils ne sont pas fichés et possèdent plusieurs nationalités et donc plusieurs passeports. Cet élément leur permet de se mouvoir plus facilement à travers l’Afrique. Ce qui est extrêmement préoccupant.
A tout cela, il faut ajouter également la difficulté à lutter contre le terrorisme au Sahel, un territoire presque cinq fois plus grand que l’Algérie. Tous les spécialistes le savent : la zone peut être un tombeau pour les armées les mieux entraînées et les mieux équipées du monde. L’armée française, qui s’était empressée en 2013 de voler au secours du Mali et avait promis de «nettoyer» la région en deux temps trois mouvements, se rend bien compte aujourd’hui qu’elle avait tout faux. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle ses chefs réfléchissent actuellement au moyen de se désengager du Sahel au plus vite et avec le moins de frais possible car le risque d’enlisement n’est pas loin.
S. S.
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