Les vérités d’Oxfam sur le modèle marocain
Par Sadek Sahraoui – Encore une organisation internationale qui démonte les mensonges des titres de la presse française aux ordres du Makhzen au sujet de la prétendue prospérité économique et sociale du Maroc. Dans son nouveau rapport «Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent» publié à l’occasion du Forum économique de Davos, Oxfam montre en effet que la crise des inégalités n’a jamais été aussi aiguë et le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s’agrandir au Maroc.
Oxfam (confédération internationale de 20 ONG contre les injustices et la pauvreté) ajoute que la majorité de la population marocaine subit cette crise des inégalités. Ces inégalités, dit-elle, peuvent prendre des formes très diverses. Il s’agit d’écarts de salaires et de patrimoines, d’exclusion du marché de l’emploi, de marginalisation de certains territoires et disparités dans l’accès à l’éducation et aux soins. Dans tous les cas, Oxfam explique que «leurs conséquences se rejoignent et causent l’accroissement de la pauvreté, la précarisation et la marginalisation, dont les femmes sont les premières à souffrir».
Les données d’Oxfam font ressortir ainsi que «le Maroc possède le niveau d’inégalités le plus élevé d’Afrique du Nord». Ainsi, en pratique, précise la Confédération, «les 10 % les plus riches ont un niveau de vie en moyenne 12 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres, un écart qui n’a guère reculé depuis les années 1990». «L’ensemble de ces données met en évidence un écart notable de consommation entre les plus riches et les plus pauvres qui traduit probablement un écart de richesses encore plus important», regrette Oxfam, qui rappelle que le Maroc s’est pourtant engagé en faveur de l’Objectif de développement durable n°10 qui vise à réduire les inégalités. Et de préciser : «Cet objectif ne pourra être rempli que si le Maroc dispose de données fiables, détaillées et régulièrement actualisées sur les niveaux de revenus et de richesses de sa population. Les données ainsi collectées doivent permettre de fixer des objectifs de réduction des inégalités à la hauteur de l’enjeu.»
Oxfam reconnaît cependant que « la situation globale des Marocains s’est améliorée ces dernières années ». « Entre 2001 et 2014, le taux de pauvreté a été réduit par trois (de 15,3 % à 4,8 %), la dépense annuelle moyenne est passée d’environ 10 000 dirhams à plus de 15 000 dirhams par personne et le niveau de vie des plus modestes a progressé un peu plus vite que celui du reste de la population », indique-t-elle. Mais il y a encore un bémol.
Oxfam mentionne en effet que l’augmentation des richesses semble bénéficier principalement à un petit nombre de personnes très fortunées. «Trois milliardaires Marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période. Cette accumulation de richesses pour un petit nombre contraste avec le reste des habitants», est-il mentionné. Et il n’est pas difficile de savoir à qui sont ces richesses.
L’ONG indique ainsi qu’«un Marocain sur deux a un niveau de vie inférieur à 11 589 dirhams par an, soit 966 DH par mois», ce qui est beaucoup moins dans les zones rurales où la moitié des habitants vivent avec moins de 8 678 DH/an (contre 14 270 en ville). Il est précisé par ailleurs qu’au total, plus de 1,6 million de personnes restent pauvres, c’est-à-dire dans l’incapacité de se nourrir suffisamment et de se procurer les biens de base, et 4,2 millions de personnes restent vulnérables, c’est-à-dire susceptibles de basculer dans la pauvreté à tout moment. Et avec tout cela, il s’en trouve encore qui demandent à l’Algérie de suivre l’exemple marocain.
S. S.
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