Droits d’asile et migrants illégaux : le grand mensonge de l’Europe
Par Sadek Sahraoui – Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) vient de prouver, si besoin est, que le discours alarmiste de nombreux pays européens sur le risque de voir les Maghrébins débarquer en masse sur le vieux continent n’a aucun fondement sérieux. Chiffres à l’appui, l’EASO révèle même dans un rapport rendu public cette semaine que les demandes d’asile ont beaucoup baissé. «Au total, 706 913 demandes d’asile ont été enregistrées dans les Etats membres de l’Union européenne (UE), en Norvège et en Suisse en 2017, soit une baisse de 43% par rapport à l’année précédente», soutient cet organisme, qui précise, par ailleurs, qu’il s’agit de la deuxième année consécutive de baisse des demandes d’asile depuis l’afflux sans précédent de réfugiés connu par l’UE en 2015 et 2016.
Pour la cinquième année consécutive, explique encore l’EASO, la Syrie est le principal pourvoyeur de demandeurs d’asile avec quelque 98 000 demandes. Elle est suivie par l’Irak, l’Afghanistan et le Nigeria. Les Maghrébins sont très loin derrière. Quelque 55 000 demandes, soit 8% du total, sont des renouvellements de candidatures émanant de personnes ayant déjà déposé une demande dans le même pays. D’après la même source, l’UE, la Norvège et la Suisse ont émis, en 2017, 981 615 décisions en première instance. Sur ces décisions, 40% étaient positives. A la fin de l’année 2017, 462 532 demandes étaient encore en cours d’examen en première instance, soit 50% de moins que les décisions encore en attente à la fin 2016.
Ce rapport apporte la contradiction chiffrée aux gouvernements européens, qui se sont dit récemment craindre de voir accoster sur leurs côtes des boat-people algériens. C’est le cas de l’Espagne, que Bruxelles considère comme la troisième porte d’entrée des migrants en Europe, derrière l’Italie et la Grèce. Madrid soutient avoir vu plus que doubler, depuis le début de l’année, le nombre d’arrivées de clandestins cherchant d’autres routes d’accès en Méditerranée, en évitant notamment la Libye. Visiblement donc, le phénomène n’est pas aussi inquiétant qu’on veut le faire croire. Et tout le monde devine pourquoi Bruxelles et les pays européens mentent sur les chiffres.
S. S.
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