Droit syndical ?
Par Meriem Sassi – L’issue plutôt favorable au conflit opposant les médecins résidents au le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière – du moins sur certains points soulevés par les praticiens grévistes – donne tout son sens à l’exercice du droit de grève, fruit de la lutte des travailleurs algériens depuis des décennies. Une lutte menée au sein de l’UGTA, dans le sillage d’une tradition de mobilisation syndicale mêlée de nationalisme à fleur de peau enfanté dans les maquis révolutionnaires.
Malgré ce passé glorieux, aujourd’hui, le constat est amer. La cacophonie qui caractérise le front social et syndical, le syndrome des grèves illimitées à la limite de la légalité déclenchées du jour au lendemain, sans préavis, sans négociation préalable, sans délai ni prise en compte de l’intérêt des entreprises et des secteurs concernés, posent le problème du devenir de ce droit sacré, galvaudé de jour en jour.
Etouffés par la centrale syndicale au fil de ses accointances politiques, le droit syndical et le droit de grève sont orphelins. L’actuel locataire de la maison du Peuple a même déclaré, dans une interview à la presse au début des années 2000, «la grève ne sert à plus à rien»… Un choix qu a compromis les intérêts des travailleurs affiliés à l’UGTA, berceau du syndicalisme, et jeté le droit syndical dans l’arène des syndicats autonomes qui, pour certains, ont su l’adopter et lui donner toute sa valeur alors que d’autres l’ont mis au service des officines politiques.
Aujourd’hui, certains syndicats usent et abusent du droit de grève. Ils en usent comme outil de pression et de surenchère au nom des travailleurs, mais le plus souvent selon leur obédience politique et suivant des intérêts décidés au sein des cellules des partis. Loin, très loin de la scène syndicale. Les travailleurs se retrouvent ainsi otages de calculs politiciens, notamment à l’approche d’échéances électorales. Jusqu’à quand durera cette situation, née aussi de la déliquescence du pouvoir et du manque de constance des décideurs qui ont perdu toute crédibilité ?
M. S.
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