L’Algérie saura faire respecter la paix à l’intérieur de ses frontières
Par Al-Hanif – La militarisation de la technologie de pointe qui permet aux Etats-Unis de jouer au gendarme du monde, après avoir rêvé d’un ordre unipolaire suite à l’effondrement de l’URSS, a également eu des incidences majeures au sein de ce pays.
Le choix de conforter le complexe militaro-industriel engage les Etats-Unis dans un choix systémique d’engagement dans des théâtres d’interventions extérieurs dans le but de prêter assistance à des alliés ou de promouvoir des changements de régimes.
Premier marchand d’armes au monde et ayant quadrillé ce dernier de bases implantées à l’étranger, le système américain apparaît de moins en moins comme démocratique et ayant des comptes à rendre au peuple souverain.
Les choix stratégiques d’intervention à l’étranger présentés comme première ligne de défense du pays ont installé un Etat profond, fait d’alliances entre sphères politiques, médiatiques, financières et militaro-industrielles.
Sans faillir, ce dernier va conforter les logiques d’intervention et accélérer la sophistication de la technologie militaire pour affirmer la supériorité par les armes, celles d’un hard power que l’oncle Sam n’hésite jamais à déployer.
Le camp capitaliste – qui avait pronostiqué la fin de l’Histoire après la chute de l’URSS et l’internationalisation d’un modèle démocratique vassalisé, vécu comme un immense marché sans règles ni frontières – a orienté le traumatisme réel du 11 Septembre vers un interventionnisme qui prend le masque des changements de régimes sous faux-nez et faux drapeaux. L’ère des règlements des conflits par la négociation est mise entre parenthèses par la feuille de route de l’Etat profond et les alliances militaires finissent par constituer, du point de vue de l’expérience historique, des blocs de violence collective létale dans lesquels la technologie militaire aura un rôle croissant.
Partant de la prémisse que la violence légitime est du ressort de l’Etat et que les alliances militaires, regroupées autour de l’Etat américain, possèdent un potentiel de violence inégalée, celui-ci doit être contrebalancé par un ordre juridique international qui veillera à définir les règles d’engagement et à les faire respecter, ne serait-ce que par crédibilité.
Le chercheur Ralph Milband qui a analysé le délitement des prérogatives régaliennes de l’Etat au profit du complexe militaro-industriel concluait que tous les américains vivaient désormais dans l’ombre de l’Etat profond. La révolution ultralibérale initiée par le président Reagan visait à démanteler le périmètre de l’Etat et à confier la gouvernance de ce dernier aux corporations et multinationales, y compris dans les affaires internationales. Tout cela au nom des libertés fondamentales et de la liberté d’entreprendre. La capacité régulatrice de tout Etat dans le monde s’en trouvait affectée et le déclin des Etats et de leurs juridictions, par le principe des vases communicants, faisait la force du marché ultra-libéral qui pouvait travailler aux intérêts de ses seuls mentors et affidés.
Cependant, l’Etat, comme émanation du complexe militaro-industriel et de la doctrine hégémonique, n’a pas disparu et a tiré avantage de la «menace terroriste globale» en la transformant en hyper-présence sur tous les théâtres d’opération. De là à conclure que l’islamisme djihadiste global est un agent volontaire ou involontaire de l’Etat profond est une thèse portée par beaucoup de chercheurs qui signaleront les accointances anciennes d’Al-Qaîda avec les services occidentaux.
Le paradoxe américain, dans un pays soucieux de libertés fondamentales garanties par la Constitution, a été de voir ces libertés se restreindre et faire l’objet de surveillance que seule la militarisation de la technologie peut autoriser. Les géants du Net, au nom de cette logique de Big Data Brothers, collaborent et donnent l’ensemble des données collectées ; des algorithmes de plus en plus perfectionnés font la transition du profilage commercial à la création d’un profil type de l’ennemi des Etats-Unis.
Sur le plan interne, la distribution des ressources très inégalitaire – comme le démontre le mouvement «nous sommes les 99% et ils sont les 1%» – impacte la vie quotidienne et nul américain ne peut faire face aux nombreuses charges s’il n’occupait de deux à trois emplois précaires en même temps. Dans cet Eldorado présumé, les difficultés pour se loger, se nourrir et surtout se soigner relèvent du rocher que Sisyphe était condamné à hisser chaque jour au sommet de la montagne, pour le voir dégringoler et le vouer à répéter ce supplice jour après jour.
Oui, il y a des réussites en Amérique et ce sont celles de ceux qui s’insèrent dans le logiciel de la digitalisation et de l’automatisation car elles sont nouvelles technologies qui trouvent leur place pleine et entière dans la militarisation de l’économie. Le lien entre les institutions politiques et la technologie militarisée peut être documenté depuis Aristote, qui écrivait à son époque : «Quiconque possède un grand nombre de chevaux constitue une oligarchie.»
Dans le cas de l’Algérie, la doctrine militaire réaffirme avec force la protection des frontières terrestres, maritimes et aériennes du pays comme rempart et défense de la République démocratique et populaire d’Algérie. Et toute innovation technologique est la bienvenue car elle concourt au renforcement de cette défense pour conforter la transition démocratique amorcée dans le refus de toute déstabilisation et instrumentalisation.
Contrairement aux atlantistes et à ceux qui usent de la «menace islamiste», notre pays ne rêve d’aucune projection de force à l’extérieur de ses frontières, mais il saura faire respecter la paix à l’intérieur de ces dernières. Et la règle de droit, celle de l’inviolabilité des frontières héritées de la colonisation, sera martelée et assumée.
A. H.
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