Menaces
Par R. Mahmoudi – Dans son message adressé à son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire des événements de Sakiet Sidi Youcef, le président de la République a mis en exergue les menaces «graves» qui visent la sécurité et la stabilité de la région mais sans en préciser la nature. On peut toutefois comprendre qu’il s’agit principalement des menaces terroristes qui se sont accentuées ces dernières années dans la région d’Afrique du Nord. Cette alerte vient, en fait, confirmer les appréhensions affichées par des observateurs de la scène régionale quant au redéploiement de l’organisation terroriste autoproclamée «Etat islamique en Irak et au Levant» (EIIL, Daech) dans des pays comme la Libye ou la région du Sahel, devenus de nouveaux sanctuaires des groupes djihadistes après leur déconfiture en Syrie en Irak.
A cela s’ajoutent les appréhensions liées au retour attendu de terroristes partis combattre au Moyen-Orient. Avec plus de 3 500 djihadistes tunisiens recensés dans les rangs de Daech en 2016 – un record – les craintes des autorités tunisiennes sont doubles.
Hasard de calendrier, le jour même où ce message de Bouteflika à Béji Caïd Essebsi a été rendu public, les autorités tunisiennes évoquaient un mouvement de «restructuration» d’Al-Qaîda dans ce pays. Ce qui augure d’un accroissement de risques terroristes, à l’approche de la saison estivale. La Tunisie a été, pour rappel, secouée par une vague d’attentats meurtriers en 2015 qui a durement impacté l’activité touristique qui reste la première source de revenus pour ce pays.
Par ailleurs, l’annonce de l’élimination, fin janvier, d’un chef terroriste d’origine algérienne, Bilal El-Koubi, sur le sol tunisien, est venue remettre sur le tapis l’impératif d’une coopération accrue entre les deux pays pour endiguer ces flux qui passent les frontières. C’est sans doute pourquoi le président Bouteflika a mis l’accent sur la nécessité de «conjuguer» les efforts, les moyens et les capacités des deux pays pour faire face à ces menaces.
En matière de coopération sécuritaire, des sources médiatiques panarabes ont révélé qu’une équipe d’enquêteurs algériens, dont fait partie un magistrat, a été dépêchée en Tunisie au lendemain de l’annonce de l’élimination sur le sol tunisien du bras droit du chef d’Aqmi, Abdelmalek Droudkel, Bilal El-Koubi, afin d’examiner sa dépouille et les documents qui étaient en sa possession. Ce dernier avait été missionné pour restructurer la katiba Okba Ibn Nafaa qui activait au mont Chaambi, près de la frontière avec l’Algérie. Selon ces mêmes sources, les services de sécurité algériens avaient déjà repéré les déplacements de Bilal El-Koubi en Tunisie depuis 2014 et en avaient avisé les autorités tunisiennes.
C’est la preuve que l’Algérie n’a jamais cessé de prêter main-forte à la Tunisie dans le domaine de la lutte antiterroriste.
R. M.
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