Le FFS à vau-l’eau
Par R. Mahmoudi – La nouvelle crise qui vient de secouer la FFS avec l’annonce de la démission d’un de ses apparatchiks les plus intouchables et les plus proches de son chef historique confirme l’idée que ce parti, fondé en 1963 pour négocier un partage de pouvoir avec le régime né de l’offensive de l’armée des frontières, traverse une véritable crise existentielle plutôt qu’un simple conflit organique lié à une recomposition clanique au sein de l’instance de direction de ce parti.
Ainsi, le retrait ou la radiation d’au moins trois membres sur cinq de l’instance présidentielle, en moins de deux ans, montre que personne, ni aucune direction collégiale n’est plus en mesure d’assurer la survie du parti après le départ de Hocine Aït Ahmed. Ses dirigeants actuels doivent se rendre compte que les rebonds enregistrés lors des dernières élections législatives et locales sont d’abord le reflet de cet élan de sympathie provoqué par la mort, en 2015, de ce grand symbole du mouvement de libération nationale que fut Aït Ahmed.
Pour le reste, ce parti a largement échoué dans la gestion des collectivités locales en Kabylie, son fief traditionnel, qui risque de ne plus l’être dans un proche avenir. La multiplication, ces dernières années, des contestations sociales et des émeutes violentes dans cette région illustre cet échec. Ses élus ont essayé de se rattraper depuis le dernier scrutin, en se faisant médiateurs auprès des contestataires qui ferment impunément les routes, mais aussi dans les différents secteurs en grève, comme ce fut le cas récemment avec le Cnapeste.
Mais là encore, sa démarche manque souvent de transparence et de cohérence. Aussi est-il clair que son absence sur le terrain des luttes sociales et dans les débats politiques et idéologiques, y compris sur tamazight, a laissé le champ libre à la prolifération des idées et des courants les plus réactionnaires et séparatistes qui se développent aujourd’hui très dangereusement dans la région. Alors que, de par son poids historique et sa présence majoritaire dans les Assemblées élues, il aurait pu être ce rempart contre la régression.
R. M.
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