L’Arabie Saoudite abandonne la gestion de «ses» mosquées en Europe
Par R. Mahmoudi – Après plusieurs semaines de négociations et de pressions, l’Arabie Saoudite a, enfin, accepté d’abandonner la gestion de la Grande Mosquée de Bruxelles. Son recteur, le Saoudien Tamer Abou Al-Saoud, s’est dit prêt à demander une reconnaissance officielle de la mosquée à l’Etat belge.
La Grande Mosquée de Bruxelles a été régulièrement mise sous le feu de l’actualité par la commission d’enquête mise en place après les attentats de Bruxelles en 2016. Le 15 mars dernier, l’ancien directeur avait promis lors de la commission d’enquête parlementaire qu’il introduirait une demande de reconnaissance. Cette commission a conseillé de ne pas prolonger l’autorisation d’exploitation tant qu’une reconnaissance officielle ne sera pas demandée.
Après les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, les Belges ont pointé la gestion des lieux de culte musulman par des militants salafistes, formés et pris en charge par l’Arabie Saoudite et qui, selon eux, étaient à l’origine de la radicalisation de beaucoup de jeunes issus de la communauté musulmane établie dans ce pays, et notamment marocaine. Il est connu que la quasi-totalité des djihadistes de Belgique sont d’origine marocaine. Ils sont même considérés comme étant les plus actifs d’Europe. Une partie des auteurs des attentats de Paris sont des Belges d’origine marocaine. L’exemple de Salah Abdeslam qui a longtemps séjourné dans le fameux quartier de Molenbeek à Bruxelles est édifiant. Véritable sanctuaire du terrorisme, Molenbeek a aussi longtemps été le lieu de refuge pour les islamistes algériens du FIS dissous qui, sans être inquiétés, organisaient des collectes de fonds et tissaient des réseaux de soutien au GIA durant les années 1990.
Des enquêtes ont révélé que Bruxelles autorisait cette liberté de mouvement des Saoudiens en Belgique en contrepartie de l’approvisionnement de ce pays en pétrole à des prix préférentiels.
Pour les observateurs, cette décision participe d’une nouvelle stratégie adoptée par le régime saoudien soucieux de soigner son image dans le monde. Accusés de soutenir financièrement les courants salafistes, les Al-Saoud cherchent, depuis l’avènement du prince héritier Mohamed Ben Salmane, à se forger une autre réputation, celle d’un régime qui combat l’extrémisme religieux et initie des réformes tous azimuts en faveur de la jeunesse et de la femme saoudiennes.
R. M.
Comment (8)