Force du G5 Sahel : un projet mort-né  ?

G5 Sahel
L'Algérie aurait eu à ses frontières sud une formidable force militaire. D. R.

Par Sadek Sahraoui – Les spécialistes du Sahel aux Etats-Unis ne tiennent pas beaucoup compte de la force du G5 Sahel dans leurs analyses sur la lutte contre le terrorisme en Afrique. La raison ? Pour eux, cette force dont la création a été décidée par la France risque tout simplement de ne pas voir le jour. Jean-Hervé Jezequel, un des responsables du projet Afrique de l’Ouest à l’International Crisis Group, rappelle d’abord que le G5 Sahel est encore paralysé en raison d’un manque de financements.

Réunis en sommet les 6 et 7 février 2018 à Niamey, les chefs d’Etat du G5-Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) avaient d’ailleurs réitéré leur demande à la communauté internationale d’un soutien financier supplémentaire pour leur force militaire conjointe lancée début 2017 et qui devrait compter 5 000 soldats. Ces cinq pays, parmi les plus pauvres du monde, peinent, en effet, à boucler le financement de cette force estimé à 250 millions d’euros.

Pour l’heure, l’Union européenne en a promis 50 millions, la France 8, surtout en matériel, et chacun des cinq pays fondateurs 10. Il faut ajouter à ces sommes une contribution annoncée de l’Arabie Saoudite de 100 millions de dollars (80 millions d’euros) et une promesse américaine d’aide bilatérale globale de 60 millions de dollars (49 millions d’euros) aux cinq pays membres du groupe.

Jezequel indique également que cette petite armée sur laquelle Paris compte pour lutter contre le terrorisme et la grande criminalité au Sahel est minée par les désaccords qui opposent certains de ses Etats membres. «Par le passé, il y a eu beaucoup de malentendus entre le Mali et la Mauritanie, et parfois entre le Niger et le Mali, il est donc nécessaire de rétablir une compréhension commune, et de la confiance entre les Etats», souligne l’expert de l’International Crisis Group. Jean-Hervé Jezequel ne dit pas que la force du G5 Sahel est un projet mort-né mais c’est tout comme.

Autre problème non moins important : cette force commence à être contestée, y compris par certains chefs d’Etat ouest-africains qui redoutent qu’elle devienne un instrument au service des Occidentaux. De ce fait, ils considèrent «inadmissible que le financement de la force du G5 puisse venir de l’extérieur du continent africain». «L’explication selon laquelle ce sont les Européens qui ont foutu la merde au Sahel, c’est à eux de trouver les solutions contre l’insécurité ne tient pas. Celui qui veut le développement doit d’abord assurer sa propre sécurité. Il revient aux Africains de prendre leur destin en main s’ils ne veulent plus être des pauvres “mendiants” sur leurs propres terres», a soutenu, il y a quelques jours, le président ghanéen, Nana Akufo–Addo, à l’ouverture des travaux de la conférence sur le financement du Partenariat mondial pour l’éducation.

Ce constat peut expliquer a posteriori la raison pour laquelle le président nigérien, Mahamadou Issoufou, insiste pour que la force du G5 Sahel soit intégrée à la Minusma…

S. S.

 

Comment (4)

    Anonyme
    14 février 2018 - 20 h 16 min

    l’inventeur du G5 ,c’est lui même qui a préparé et entraîné ces troupes fanatiques, malades, criminels pour avoir un prétexte et venir en aide pour raser ce fléau dangereux. C’est une tactique pour poser son nez dans les affaires des autres.Petit à petit il sera le héro prétendu et le sauveur qui méritera toute la confiance de l’adversaire.Un chef – d’oeuvre!!

    Abou portan
    14 février 2018 - 19 h 30 min

    Les terroristes menacent les gouvernants des pays du sahel implantés par la France. C`est aussi le centre stratégique dégagé à perte de vue de l`Afrique. Les intérêts de la France sont directement en jeu. Alors la France intervient pour protéger ces mines d`uranium et autres minerais. Par satellite ils ont découvert des gisements extraordinaires de richesse en tout genre.
    Alors l`équation est simple …..on en fait un foyer de terrorisme.. et s`en va le combattre avec l`argent des autres. C`est comme si l`Algérie allait combattre le terrorisme en France après les attentats de paris et Nice. Les puissances occidentales se partagent le gâteau. Toi tu prend le moyen orient et moi (la France) je prend l`Afrique. Les français se sont retiré d`Irak et de Syrie …en échange les états unis se retire du Sahel.

    Felfel Har
    14 février 2018 - 18 h 09 min

    C’est l’exemple même de la résurrection de la politique impériale de la France sous la direction de celui qui caresse secrètement l’espoir d’être reconnu comme un autre Napoléon Bonaparte. Il n’en a malheureusement pas l’étoffe bien qu’il s’agite dans tous les sens pour réformer tout ce qui ne lui sied pas. L’autre manifestation de cette volonté de réhabiliter l’Empire est ce forcing que fait Macron pour doper la francophonie, qui n’est rien d’autre qu’une tentative de mettre sous sa coupe les pays qui y adhèrent. La nostalgie d’une époque qu’il croit glorieuse lui fait prendre des initiatives, toutes vouées à l’échec, car la France, devant les Américains, les Russes et les Chinois, n’a aucune influence sur le cours des évènements qui font l’histoire. Elle ne fait que de la figuration.

    raselkhit
    14 février 2018 - 11 h 40 min

    Fondamentalement le G5 a été créé pour contrecarrer le CEMOC – donc l’Algérie – et sa théorie que les Africains doivent eux même résoudre leurs propres problèmes. Ce n’est pas aux occidentaux de venir aprés avoir introduit le terrorisme!!

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