Afrique du Sud : le président Jacob Zuma démissionne
Par Sadek Sahraoui – Après des semaines de tractations et de réunions, le chef de l’Etat sud-africain, empêtré dans de nombreux scandales de corruption, a finalement cédé, mercredi soir, aux pressions du Congrès national africain (ANC), qui avait déjà décidé de le «rappeler» mardi.
Jacob Zuma a annoncé en direct à la télévision sa démission «avec effet immédiat», se pliant aux ordres de son parti. «J’ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation», a déclaré Zuma. «Je dois accepter que mon parti et mes compatriotes veulent me renvoyer», a-t-il ajouté, assurant avoir «toujours été un membre discipliné de l’ANC».
Le pouvoir de Jacob Zuma a commencé à vaciller depuis l’élection en décembre à la tête de l’ANC du vice-président Cyril Ramaphosa, qui avait axé sa campagne sur la lutte contre la corruption. Ce dernier était déterminé à pousser au plus vite vers la sortie le président Zuma, devenu trop encombrant en vue des élections générales de 2019. Conformément à la Constitution, Cyril Ramaphosa est devenu le président de la République par intérim dès la démission de Jacob Zuma. Le Parlement doit encore, dans les trente jours, l’élire formellement à ce poste. L’élection devrait être organisée d’ici vendredi.
A rappeler tout de même que Jacob Zuma est l’une des principales figures de la lutte contre l’apartheid. Il a rejoint l’ANC en 1959. Un an plus tard, le parti est interdit en Afrique du Sud, en pleine période d’apartheid. Accusé de conspirer en vue d’un renversement de gouvernement, il est arrêté en 1963 alors qu’il tente de quitter le pays, et passe les dix années qui suivent à la prison de Robben Island, au côté notamment de Nelson Mandela. S’il était, au départ, un membre actif de la branche armée de l’ANC, il apprend à lire et écrire en prison et commence à développer sa pensée politique. Il est libéré en 1973.
Contraint à l’exil dans plusieurs pays d’Afrique en 1975, il prend ses marques en politique en essayant de refonder son parti politique. Il gravira les échelons petit à petit et sera de retour en Afrique du Sud en 1990 à la suite de la légalisation de l’ANC par le nouveau gouvernement. Jacob Zuma devient vice-secrétaire général du parti en 1991, à la demande de Nelson Mandela. Puis vice-président du parti en 1997. Proche du futur président Thabo Mbeki, numéro deux de l’ANC, il prend par la suite la vice-présidence du pays en 1999, ce qui en fait le successeur naturel de Mbeki (1999-2008).
Triste fin pour une figure aussi importante de la lute anti-apartheid dont l’ascension politique a été ternie par autant de scandales.
S. S.
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