Terroristes d’Etat
Par Sadek Sahraoui – La Tunisie n’est finalement pas que ce joli petit pays tranquille où il fait bon passer ses vacances. En plus d’être gangrenées par la corruption, les institutions de notre voisin de l’Est sont infiltrées par des… terroristes. Il s’agit d’un constat fait par les Tunisiens eux-mêmes. Un rapport relatif au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, établi tout récemment par la Commission tunisienne des analyses financières, révèle que 46% des personnes impliquées dans les affaires de terrorisme sont des cadres exerçant dans les structures même de l’Etat.
D’après la même source, seuls 3% des terroristes arrêtés sont des chômeurs. Les autres sont soit des étudiants (8%), soit des enseignants (3%) ou soit des citoyens exerçant dans des fonctions libérales (8%). Selon le journal tunisien L’Economiste maghrébin, qui rapporte l’information, ces données tendent donc à battre en brèche la thèse selon laquelle le terrorisme serait motivé par des raisons matérielles, eu égard à la présence des cadres de l’Etat dans les affaires de terrorisme. Par ailleurs, la faible présence des forces armées (1%) dans le terrorisme ou les affaires liées au terrorisme confirme que les forces armées tunisiennes n’ont, en revanche, pas été infiltrées par les terroristes. Dans tous les cas, le ver est dans le fruit en Tunisie.
Ce constat effrayant pourrait expliquer pourquoi le Parlement européen a validé, mercredi 7 février, la présence de la Tunisie sur la «liste noire» des pays «susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme». Cette mise à l’index survient deux mois après l’inclusion de la Tunisie dans une autre liste noire, celle des paradis fiscaux, établie par les ministres européens des Finances.
Les problèmes avaient, en réalité, commencé pour la Tunisie en novembre 2017 quand le Groupe d’action financière (GAFI) l’avait incluse sur sa liste des pays à «hauts risques» en raison des déficiences de son système bancaire à tracer l’origine de fonds, ainsi que de leurs bénéficiaires effectifs.
S. S.
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