Bouteflika qualifie la «révolution» qui a renversé Kadhafi de «glorieuse»
Par R. Mahmoudi – Changement de perception ou simple usage diplomatique : dans un message de félicitations au président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale de Libye, Fayez El-Sarraj, le chef de l’Etat a, pour la première fois, reconnu l’insurrection libyenne qui a renversé l’ancien guide de la Jamahiriya, Mouammar Kadhafi, en février 2011, comme une «révolution» qu’il qualifie même de «glorieuse». Qualificatifs que le chef de l’Etat avait l’habitude de réserver à la Révolution du 1er septembre 1969, qui a porté le colonel Kadhafi au pouvoir en Libye.
«Il m’est agréable, écrit le président de la République, au moment où l’Etat de Libye frère célèbre l’anniversaire de la glorieuse Révolution du 17 Février de vous exprimer, au nom du peuple et du gouvernement algériens ainsi qu’en mon nom personnel, nos chaleureuses félicitations (…).»
Peut-on oublier que l’Algérie a été le premier pays à s’opposer à l’invasion de ce pays par les armées de l’Otan, qui a rapidement conduit à la mise à mort de Kadhafi et à la dislocation de l’Etat libyen ? On se souvient que le gouvernement algérien avait même essuyé des critiques acerbes, voire des menaces proférées par le chef de la diplomatie française de l’époque, Alain Juppé, à cause de ses prises de position franchement hostiles à l’invasion armée, et pour lesquelles l’histoire a donné ensuite raison à l’Algérie.
Si, depuis quelques années, les relations entre Alger et Tripoli se sont nettement améliorées, avec notamment les efforts diplomatiques déployés par l’Algérie pour aider les protagonistes de la crise libyenne à trouver une solution pacifique et négociée au grave conflit qui divise ce pays, en entretenant naturellement des relations avec le gouvernement internationalement reconnu, celui de Tripoli, rien n’oblige le chef de l’Etat à encenser une insurrection dont il sait qu’elle a été à l’origine du chaos actuel en Libye, dont les répercussions sur la sécurité et la stabilité de la région sont réitérées à chaque occasion. Rien ne l’oblige, en fait, à choisir spécialement cette date pour adresser un message de félicitations à son homologue libyen.
R. M.
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