Seïf El-Islam Kadhafi : «L’Algérie n’a rien à voir dans le malheur des Libyens»
Par Sadek Sahraoui – Dans un long mémorandum publié cette semaine dans certains titres de la presse maghrébine, dans lequel il fait le point sur la situation de son pays, Seïf El-Islam Kadhafi a catégoriquement démenti la rumeur colportée en 2011 par des milieux hostiles, selon lesquels l’Algérie a aidé son père à se maintenir au pouvoir et à réprimer des manifestants libyens. «La campagne de propagande et les mensonges qui accompagnaient les accusations contre les militaires libyens ne s’arrêtaient pas à l’inflation des victimes, mais affirmait que le régime utilisait des avions militaires pour attaquer les civils, ordonnait des viols de masse à l’armée et aux forces de sécurité, avec du Viagra trouvé dans les chars, recourrait à des mercenaires africains et algériens, et devait faire face aux défections de pilotes d’avion vers Malte. Aucune de ces imputations n’a été prouvée à ce jour et ne correspond à quelque vérité que ce soit», soutient Seïf El-Islam Kadhafi dans ce document intitulé «Mensonge, voici ta vérité», publié en exclusivité sur le site Tunisie Secret.
Le fils de Mouammar Kadhafi balaie également d’un revers de la main l’accusation selon laquelle des chasseurs libyens basés à l’ouest de Tripoli ont mené des raids contre les populations civiles à Benghazi et ses environs. «Toutes ces imputations ont été fabriquées notamment par Al-Jazeera et sont dénuées de crédibilité. Identiquement, l’accusation d’utilisation de Mirages de la base aérienne d’Al-Weathy, à l’extrême ouest de la Libye, pour attaquer des civils à Benghazi n’a aucun poids puisque ces avions ne pouvaient pas faire l’aller-retour compte tenu de leur consommation de carburant. Il est, en effet, impossible pour ce type d’appareil d’attaquer des cibles à 1 500 km et de revenir sans ravitaillement, et il y avait des bases aériennes autour de Benghazi utilisables par le gouvernement libyen si nécessaire», explique-t-il avec des preuves à l’appui.
Seïf El-Islam Kadhafi entreprend dans ce mémorandum de donner sa version des événements ayant conduit à la chute de la Jamahiriya et à l’assassinat de son père. Il signale d’emblée que les éléments du groupe terroriste Groupe islamique combattant libyen (GICL) d’Abdelhakim Belhadj ont noyauté dès le 15 février 2011 le mouvement de protestation qui était pacifique pour lui donner un caractère violent, sanglant et surtout irréversible.
«Ces éléments ont attaqué des postes de police et des casernes de l’armée à Derna, Benghazi, Misratah et Al-Zawiya afin de voler des armes et de les utiliser dans leur guerre planifiée contre le peuple libyen et son gouvernement légitime», indique Saïf El-Islam Kadhafi, qui précise, en outre, que «toutes ces actions furent accompagnées d’une machine de propagande des chaînes Al-Jazeera, Al-Arabiya, BBC, France 24 et d’autres qui encourageaient le peuple libyen à affronter la police qui tentait de protéger les bâtiments gouvernementaux et les propriétés privées des attaques et des pillages». Ces éléments, dit-il, confirment l’idée qu’il existait un plan établi d’avance destiné à casser la Libye et que les donneurs d’ordres occidentaux n’attendaient que le moment propice pour le mettre en œuvre.
Seïf El-Islam Kadhafi n’y va pas aussi avec le dos de la cuillère avec la CPI qu’il accuse d’avoir adopté un double standard à propos de la guerre en Libye et de l’intervention de l’Otan. «La CPI a impliqué des personnalités politiques libyennes dans des crimes inventés alors qu’elle a ignoré et n’a pas condamné le massacre barbare de Mouammar Kadhafi et de son fils Moatassem par les milices soutenues par l’Otan. La seule réaction de la CPI a été d’abandonner les poursuites contre Mouammar Kadhafi après sa mort. Cependant, la CPI tenait là une affaire solide, les médias ayant bien documenté le meurtre, il n’était besoin d’aucune preuve supplémentaire pour traduire les responsables en justice», signale-t-il.
Seïf El-Islam fait remarquer à l’occasion que la CPI aurait pu «facilement arrêter les auteurs qui assument des responsabilités politiques et diplomatiques dans diverses capitales européennes», mais que cela n’a pas été fait. Il dit regretter également que la Cour pénale internationale se soit empressée de délivrer en 2011 un mandat d’arrêt à l’encontre de Mouammar Kadhafi, de Seïf Al-Islam Kadhafi et d’Abdallah Senoussi, accusés de crime contre l’humanité, sans pour autant mener d’enquêtes sur le terrain. Pour lui, il était évident que la CPI était dans la poche de l’Otan et que le cas de la Libye était plié d’avance.
S. S.
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