Jean-Marie Le Pen réécrit l’histoire : le tortionnaire justifie ses actes en Algérie
De Paris, Mrizek Sahraoui – Refaire l’histoire par le tout petit bout de la lorgnette, une vue étriquée, un esprit étroit porté par la haine viscérale et le ressentiment à l’endroit d’un pays, l’Algérie, voilà en résumé succinct le chapitre réservé à l’ancienne colonie dans le premier tome des mémoires de Jean-Marie Le Pen, Fils de la nation, à paraître le 1er mars aux éditions Miller, dévoilées en exclusivité par le journal Le Parisien.
«Le Pen raconte sa vérité. Forcément partiale et partielle», note Le Parisien. Forcément. Car Jean-Marie Le Pen s’est de tout temps donné le beau rôle ; celui de tortionnaire ? Non, «c’est bidon, évidemment bidon», réfute-t-il.
Jamais responsable, il procède par le déni et le négationnisme, s’arrangeant toujours avec la vérité et la réalité historiques. Sans donner amples détails sur son degré d’implication, il se contente de reléguer la responsabilité de la barbarie aux ordres venus «d’en haut».
«On a parlé de torture. On a flétri ceux qui l’avaient pratiquée. Il serait bon de définir le mot. Qu’est-ce que la torture ? Où commence-t-elle où finit-elle ? Tordre un bras, est-ce torturer ? Et mettre la tête dans un seau d’eau ? L’armée française revenait d’Indochine. Là-bas, elle avait vu des violences horribles qui passent l’imagination et font paraître l’arrachage d’un ongle pour presque humain. (…) Cette horreur, notre mission était d’y mettre fin. Alors, oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger, mais les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possible. Y figuraient les coups, la gégène et la baignoire, mais nulle mutilation, rien qui touche à l’intégrité physique. (…) Il est plus que ridicule, il est pervers, il est profondément immoral, de jeter l’opprobre sur des hommes qui ont le courage d’utiliser sur ordre, pour obtenir le renseignement qui sauvera des civils, des méthodes brutales qui leur pèsent, qui leur coûtent.» «Les interrogatoires spéciaux ? Ce n’est ni moi ni mes camarades, nous n’étions nullement chargés des interrogatoires spéciaux», écrit-il encore, selon des passages repris par Le Parisien.
A 90 ans, Jean-Marie Le Pen tente de réécrire l’histoire à son profit, bien entendu, occultant les souffrances d’un peuple, la barbarie et les crimes contre l’humanité commis au nom d’une soi-disant mission civilisatrice que, tôt ou tard, avec ou sans lui, la France devra reconnaître.
M. S.
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