L’UMA est morte, vive…
Par Sadek Sahraoui – Comme à chaque fois, les chefs d’Etat de la région se sont échangé, le 17 février dernier, de chaleureux vœux à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Sur papier, et dans les discours, tout le monde tient à la construction maghrébine. L’on rappelle même qu’il s’agit d’un «choix stratégique» et d’une «revendication populaire» qu’il faut absolument réaliser. La logique aurait voulu qu’avec un consensus aussi fort, l’UMA soit au moins l’égale non pas de l’Union européenne mais au moins des autres communautés économiques régionales africaines. Or, il n’en est rien.
Cela fait maintenant vingt-neuf ans depuis que l’ensemble existe. Et le bilan de toute cette période est des plus nullissimes. En vingt-neuf longues années, rien n’a pratiquement été fait qui va dans le sens d’un raffermissement des liens entre les cinq pays du Maghreb. Les échanges économiques entre cinq pays sont presque nuls. Au plan politique, ce n’est guère mieux. Hormis le fait de s’échanger hypocritement de façon épisodique des messages rappelant les bienfaits de l’intégration régionale, les dirigeants de la région ne se sont d’ailleurs pas réunis en sommet depuis des lustres. Tout le monde se déteste royalement.
Près de trente années après la signature, à Marrakech, du Traité constitutif de l’Union du Maghreb arabe, on ressent même aujourd’hui une volonté chez certains de briser ce joli rêve d’union des peuples de l’Afrique du Nord contre les récifs de la cupidité et de calculs mesquins. A tout le moins, presque plus personne ne croit en cette Union maghrébine tant rêvée par la génération de militants qui a libéré nos pays.
Plutôt que d’essayer de dégripper la machine, certains comme Mohammed VI ont préféré plutôt démissionner et aller frapper à la porte d’autres communautés régionales. Si le Maroc attend avec impatience le feu vert pour intégrer la Cédéao et couper le pont avec l’UMA, la Tunisie a, quant à elle, déjà décroché son ticket d’entrée au marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Même la Mauritanie à qui l’Algérie a créé une monnaie et une banque centrale ne semble plus se projeter dans l’UMA.
Autrement, pourquoi le président Mohammed Ould Abdelaziz négocierait-il aussi en ce moment un statut de membre observateur au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest si ce n’est pour assurer ses arrières en cas d’effondrement de l’Union maghrébine ? Ce constat confirme que l’UMA n’est pas moribonde. Elle a plutôt passé l’arme à gauche. N’y a-t-il que l’Algérie qui n’arrive pas à le voir ?
S. S.
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