Saeb Erekat : «Le vrai président des Palestiniens est Avigdor Lieberman»
Par R. Mahmoudi – Le négociateur en chef palestinien et membre de la direction du Fatah, Saeb Erekat, ne croit plus à aucune chance d’aboutir à une solution au conflit israélo-palestinien et prédit la mort prochaine de l’Autorité palestinienne, qui, pour lui, n’a plus aucune autorité sur le peuple palestinien.
Dans un entretien accordé à la deuxième chaîne de télévision israélienne, mardi, Erekat a fait une déclaration étonnante, dont il dit lui-même qu’elle va mettre en colère Mahmoud Abbas. «Je crois que le vrai président du peuple palestinien, a-t-il dit, est le ministre de l’Armée, Avigdor Lieberman, et le Premier ministre palestinien fait office de coordinateur du gouvernement israélien dans les Territoires occupés, le général Poly Mordechai.»
Erekat ne dit pas cela par renoncement, mais plutôt par dépit. Exprimant son scepticisme sur la solution de «deux Etats», il prédit «la disparition très prochainement de l’ensemble de l’Autorité palestinienne, qui n’est plus viable», a encore lâché le diplomate palestinien. Allant plus loin dans son aveu d’impuissance, il ajoutera : «Le président Abbas ne peut pas bouger de Ramallah sans l’aval de Mordechai ou de Lieberman», rappelant ainsi l’épisode où les autorités israéliennes avaient assiégé l’ex-chef de l’OLP, Yasser Arafat, pendant longtemps à l’intérieur de son siège à Ramallah, avant d’être empoisonné et évacué en urgence à l’hôpital Val-de-Grâce, où il rendit l’âme.
Incroyable revirement chez ce porte-voix de la cause palestinienne ! «La solution à deux Etats n’est plus réaliste», avoue-t-il. «L’idée dominante aujourd’hui dans la rue palestinienne est celle d’un seul Etat avec égalité en droits.»
Interrogé par le journaliste israélien sur les raisons de ce revirement chez lui, Erekat s’est contenté de raconter l’histoire d’un jeune Palestinien qui lui avait conseillé ironiquement, juste avant l’intervention qu’il a eu pour une greffe de poumon aux Etats-Unis, de «se faire greffer une nouvelle langue, au lieu de continuer à tromper les Palestiniens encore plus longtemps !».
R. M.
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