Polémique : un écrivain saoudien affirme qu’il y a «trop de mosquées»
Par R. Mahmoudi – En Arabie Saoudite, la parole semble se libérer peu à peu, au point de bousculer l’ordre établi et de choquer les esprits. C’est le cas de l’intervention, largement relayée sur les réseaux sociaux, de l’écrivain saoudien Mohammed Al-Sehimi sur la chaîne MBC, dans laquelle l’écrivain polémiste a eu le cran d’appeler à réduire le nombre de mosquées, au prétexte que le regroupement des appels à la prière venant de toute part «est effrayant».
L’invité de MBC, temple de la modernisation saoudienne récemment mise sous la coupe de l’héritier du trône, a rappelé à cette occasion une fatwa rédigée par un prédicateur saoudien aujourd’hui disparu, Ibn Otheimine, «interdisant la retransmission de la prière sur les mégaphones» installés sur les minarets. Al-Semihi regrette que cette fatwa ait été occultée par le courant de la «Sahwa» (éveil, salafiste) pour imposer «un système de radicalisme et de terreur». Selon cet écrivain iconoclaste, cette amplification voulue des appels à la prière est conçue justement «pour terroriser les gens et, par conséquent, les maintenir sous domination».
A la question de savoir qu’il existe des mosquées à proximité des agglomérations, l’impertinent écrivain dégaine : «Sans vouloir polémiquer, je dis que oui, il existe des mosquées “dhirâr” (hypocrites, nuisibles). Le Prophète, que le salut soit sur lui, a démoli une mosquée qui gênait la mosquée de Qaba’ (première mosquée construite par les musulmans à Médine, Ndlr) parce qu’elle était porteuse de nuisance». L’écrivain va plus loin, en estimant que dans chaque quartier, il y a au moins une mosquée “hypocrite” ou “nuisible”.» Seule solution pour lui : il faut réduire le nombre de mosquées pour qu’il puisse y avoir plus de fidèles.
Autre argument avancé : les imams se plaignent du peu de fidèles qui viennent accomplir leurs prières, «parce qu’il y a pour chaque citoyen une mosquée». Et de conclure par cette pique adressée aux fondamentalistes de tout poil : «Au nom de la religion, ils sèment la terreur.»
R. M.
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