L’historien juif Zeev Sternhell compare l’Etat sioniste à l’Allemagne nazie
Par R. Mahmoudi – L’historien israélien et spécialiste du fascisme, Zeev Sternhell, n’hésite pas à qualifier les pratiques d’Israël contre les Palestiniens à celles qu’adoptait le nazisme à ses débuts contre les juifs.
Dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde, le 20 février, cet historien fait remarquer que les amendements votés par les députés israéliens s’appropriant à jamais la ville sainte d’El-Qods constituent le moment décisif où cet Etat «fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1% de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah» deviendra, aux yeux des populations sous domination, «un monstre».
«L’élément majeur de cette nouvelle jurisprudence est une législation dite “loi sur l’Etat-nation” : il s’agit d’un acte constitutionnel nationaliste, que le nationalisme maurassien d’antan n’aurait pas renié, que Mme Le Pen n’oserait pas proposer et que le nationalisme polonais et hongrois accueillera avec joie. Voilà donc les juifs qui oublient que leur sort, depuis la révolution de 1789, est lié à celui du libéralisme et des droits de l’Homme, et qui produisent un nationalisme où se reconnaissent les plus durs du chauvinisme en Europe.»
L’historien considère que la droite israélienne, à travers l’adoption de la nouvelle législation, prépare l’opinion à la nouvelle situation qui se produira en cas d’annexion des Territoires palestiniens occupés : «La population non juive restera dépourvue du droit de vote.»
Pour lui, il faut lire, et faire lire partout en Israël et dans le monde les interventions de deux députés israéliens extrémistes Miki Zohar et Bezlel Smotrich, dans la presse pour comprendre «comment pousse sous nos yeux, non pas un fascisme local, mais un racisme proche du nazisme à ses débuts». Il écrit : «Comme toute idéologie, le racisme allemand, lui aussi, a évolué : à l’origine, il s’en était pris aux juifs en violant les droits de l’Homme et du citoyen. Il est possible que sans la Seconde Guerre mondiale, “le problème juif” se serait soldé par une émigration “volontaire” des juifs des territoires sous contrôle allemand. Après, tous, presque tous les juifs d’Allemagne et d’Autriche ont pu sortir à temps. Il n’est pas exclu que pour certains à droite, le même sort puisse être réservé aux Palestiniens.» L’auteur pense qu’une simple guerre, accompagnée d’une «révolution» en Jordanie, peut déclencher le processus qui permettrait d’évacuer vers l’Est une majeure partie des habitants de la Cisjordanie occupée.
L’histoire prévient qu’en cas d’annexion officielle des Territoires occupés les Palestiniens seront condamnés «pour l’éternité» au statut de population occupée. Parce que, tout simplement, et en vertu de la législation adoptée, les Palestiniens, en tant que population non juive, n’auront pas le droit de prétendre à la propriété d’une partie quelconque de la «terre promise» au peuple juif. Pour les deux députés extrémistes et tout le gouvernement israélien, les Palestiniens souffrent d’une «lacune majeure» : celle de ne pas être nés juifs. C’est pourquoi, le régime d’apartheid restera de mise tant qu’il y aura encore des Arabes sur «la terre promise».
R. M.
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