L’absence d’Ouyahia aux festivités du 24 Février suscite des interrogations
Par Karim B. – Tous les projecteurs sont braqués sur le Premier ministre depuis que la présidence de la République a émis un avis contraire à la décision d’Ouyahia de s’engager dans un vaste chantier de privatisation des entreprises publiques. L’opinion publique y a vu un scénario Tebboune bis, mais aussi bien le gouvernement que la centrale syndicale et le patronat, incarné par le FCE, avaient démenti l’existence d’une quelconque divergence entre le président Bouteflika et son Premier ministre sur ce dossier.
Cette mise au point des trois principaux animateurs de la tripartite n’a pas, pour autant, complètement dissipé les doutes. L’absence d’Ahmed Ouyahia aux festivités du 24 Février à Oran a suscité des interrogations sur la véritable position du Premier ministre dans ce contexte économique difficile où les experts ne semblent pas tous d’accord sur la démarche à suivre pour sortir le pays de la crise.
Ouyahia étant connu à la fois pour sa discipline stricte et sa propension à recourir à des décisions aussi radicales qu’impopulaires, il est difficile de comprendre les absences répétées de celui sur qui le chef de l’Etat s’arc-boute à chaque fois que l’économie bat de l’aile et que des mesures drastiques sont nécessaires pour éviter la faillite. Le président Bouteflika faisant ainsi porter à son Premier ministre la responsabilité des conséquences sociales induites par les ajustements structurels.
Ahmed Ouyahia s’est prononcé sur plusieurs sujets d’une brûlante actualité, mais uniquement en tant que secrétaire général du RND. Il a apporté son soutien aux membres du gouvernement empêtrés dans des grèves à n’en plus finir dans les secteurs de l’éducation et de la santé, critiquant vivement l’entêtement des grévistes à maintenir leur mouvement. Mais il n’a pas réagi à la décision de Bouteflika de geler [son] projet qui consistait à permettre aux opérateurs privés d’entrer dans le capital des entreprises publiques. Abdelmadjid Sidi-Saïd, patron de l’UGTA, et Ali Haddad, président du Forum des chefs d’entreprise, s’étaient chargés d’expliquer aux médias que la présidence de la République n’annulait pas la démarche d’Ouyahia, mais qu’elle visait juste à expliquer que Bouteflika veillait à ce que le processus soit conduit sous sa supervision directe.
L’explication alambiquée des deux partenaires d’Ouyahia, au lieu de lever les équivoques, n’a fait, en réalité, qu’épaissir le brouillard. Et l’absence de plus en plus remarquée d’Ouyahia dans les forums officiels pourrait être un signe que tout ne se passe pas comme on nous le décrit au sommet de l’Etat.
Ouyahia serai-il partant ?
K. B.
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