Agression contre l’argentier de Kadhafi : à quoi joue Le Monde ?
Par R. Mahmoudi – Revenant sur l’agression dont a fait l’objet, vendredi dernier, l’ancien chef de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh, à Johannesburg, le quotidien français n’a pas attendu les résultats d’une quelconque enquête pour avancer que «la piste d’un crime crapuleux serait privilégiée par les proches de Saleh», sans pouvoir cacher, néanmoins, que ce dernier «se sentait particulièrement menacé ces dernières semaines».
Le quotidien parisien du soir s’évertue à argumenter son jugement préétabli : «La route de l’aéroport est réputée dangereuse et, d’ailleurs, ce genre de mésaventures est arrivé il y a peu au chef d’état-major du Togo ou encore à une députée sénégalaise.» Pour ce journal, il faudrait donc, tacitement, cesser de soupçonner quelque «Bob Denard» français dans les parages, missionné pour liquider un témoin encombrant dans cette scabreuse affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy qui est loin de connaître son épilogue.
Pas la peine aussi de faire un lien avec la liquidation, en 2012, de l’ancien ministre du pétrole libyen en Autriche, Choukri Ghanem. Alors que, dans de récentes révélations, le quotidien arabe Al-Charq Al-Awsat, citant une source proche de l’entourage de l’ex-guide libyen, Choukri Ghanem, lui aussi témoin privilégié dans cette affaire de financement de la campagne présidentielle française de 2007, a été liquidé par les Français.
Le Monde rappelle que Bechir Saleh a été sollicité à plusieurs reprises par la justice française pour apporter son éclairage dans l’enquête sur le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, sans jamais y donner de suite. Or, dans un premier témoignage, repris même par Le Monde, Bechir Saleh avait confirmé la tenue d’un déjeuner, le 9 avril 2007, dans sa ferme près de Tripoli, en présence du Premier ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, et de son ami Choukri Ghanem qui consignera dans son carnet qu’à cette occasion Bechir Saleh avait prétendu «avoir envoyé 1,5 million d’euros à Sarkozy». Saleh avait simplement affirmé : «Kadhafi a dit qu’il avait financé Sarkozy. Sarkozy a dit qu’il n’avait pas été financé. Je crois plus Kadhafi que Sarkozy.»
R. M.
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