Vrai dialogue ?
Par Meriem Sassi – En annulant son mouvement de grève, après des mois de débrayage, le syndicat Cnapeste revient enfin à la table des négociations, seule issue possible au conflit qui se dirigeait dangereusement vers l’enlisement.
Le syndicat, qui faisait cavalier seul, refusant la démarche de ses pairs des autres formations syndicales autonomes, portait la lourde responsabilité de voir la carrière de milliers d’enseignants brisée, suite aux mesures de radiation décidée par la tutelle, et l’avenir de millions d’élèves compromis.
Des élèves désemparés et dont certains ont été poussés à investir la rue et mêlés à un conflit dont ils ignoraient totalement les tenants et les aboutissants.
L’école, déjà fragilisée par des années de conflits, parfois dépassant le cadre pédagogique, a été soumise cette année à plus rude épreuve encore, dans le sillage de ce qui est devenu un bras de fer entre syndicat et tutelle. Au fil des semaines, les négociations ont été rompues, laissant place à des démonstrations de force, au détriment de l’école.
Chacune des parties campait sur ses positions, arcboutée sur des convictions «non négociables». Pourtant, le droit de grève signifie d’abord négociation et concession pour trouver un compromis. Ce n’est pas une lutte où le plus fort doit anéantir le plus faible, quitte à tout détruire autour de lui. Surtout que, dans ce conflit, c’est tout le système éducatif qui est au centre des enjeux.
L’intervention du chef de l’Etat a apparemment remis les pendules à l’heure, poussant syndicat et tutelle à retrouver un peu de clairvoyance. L’Ecole algérienne, meurtrie, ne peut plus rester indéfiniment otage de grèves intempestives et illimitées. Le plein exercice du droit syndical, qui est basé sur des principes nobles et des valeurs nationalistes, doit s’y exercer avec plus de responsabilité.
Il est peut-être temps que les tous les syndicats replongent dans les valeurs du mouvement syndical algérien pour trouver les ressources qu’il faut pour revendiquer leurs droits et défendre leur dignité, tout en préservant un secteur qui conditionne l’avenir de millions d’élèves et forme la base de la nation.
M. S.
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