Affaires courantes
Par R. Mahmoudi – De nouveaux indices sur la mise en minorité du Premier ministre au sein du gouvernement sont apparus hier, confortant ainsi dans leurs convictions ceux qui, comme nous, l’avaient donné partant depuis plus de deux mois. La déclaration du ministre des Finances au Sénat, maintenant son projet de révision de la politique de subvention, une semaine après l’annonce ferme et tranchée d’Ouyahia dans son discours de Biskra, et l’assurance avec laquelle le ministre a évoqué cette question laissent penser qu’il ne reçoit plus ses instructions de son chef mais directement de la Présidence.
Au même moment, les propos allant à contre-courant de l’opinion dominante, tenus par le numéro deux du RND, Chiheb Seddik, qualifiant les grèves que connaît le pays de «mouvement ordinaire» à la veille de l’élection présidentielle, trahissent des divergences de fond entre le parti que dirige Ahmed Ouyahia et la politique gouvernementale elle-même, et révèlent, là encore, que les ministres concernés par ces mouvements de protestation n’attendent plus d’orientations de leur chef qui a, en réalité, cessé de leur en donner depuis un certain temps. Son silence sur une protestation de grande ampleur comme celle des enseignants ou celle des médecins résidents en disait long sur son pouvoir et sa position réels.
Rétrospectivement, on comprend aujourd’hui le sens des deux instructions données par le chef de l’Etat à Mme Benghebrit, lui enjoignant successivement de lever les sanctions contre les enseignants suspendus et d’ouvrir rapidement le dialogue avec les syndicalistes.
D’aucuns ont prédit à Ouyahia le même sort qu’a connu son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune, dont on se souvient qu’il avait subi un lynchage en règle avant d’être brutalement lâché. Or, avec Ouyahia, les choses paraissent plus complexes. D’abord, parce que la conjoncture actuelle ne s’y prête pas. Il n’est pas dans les traditions du chef de l’Etat de procéder à un remaniement ministériel en pleine agitation sociale car d’autres irruptions peuvent éclater. Il va peut-être attendre l’arrivée du mois de Ramadhan ou les vacances de l’été pour l’annoncer. D’ici là, le gouvernement continuera à expédier les affaires courantes. A moins d’une surprise.
R. M.
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