Hirak : la contestation se poursuit à Jerada
Le mouvement de protestation entamé il y a plus de deux mois dans la région de Jerada, dans le nord du Maroc, se poursuit et des actions de protestation seront organisées dès mardi à une fréquence quasi quotidienne dans l’ancienne ville minière, lieu de nombre d’accidents dramatiques ayant provoqué colère et émoi au sein de la population locale.
Enclenché depuis fin décembre dernier suite à la mort dramatique de deux frères ouvriers dans une mine de charbon, le Hirak, nom donné localement au mouvement de contestation, comme dans le Rif (nord), ne faiblit pas. Un programme d’actions de protestation quasi quotidiennes a été donc tracé, ont rapporté des médias marocains, citant la Coordination du Hirak de Jerada. Celles-ci se déclinent sous diverses formes.
Des marches sont observées mardi 6 mars à partir de 17 h. Une grève partielle jusqu’à midi est prévue mercredi, et un débat dans la soirée de la même journée. Pour jeudi 8 mars, il est prévu une marche «féminine» en direction de la Place des martyrs pour protester contre la condition de la femme «jeradienne» à l’occasion de la Journée mondiale de la femme. Pour le vendredi, ce seront les mineurs et d’autres personnes aux besoins spécifiques qui prendront le relais, en organisant une marche en direction de la Place des martyrs.
Pour ce qui est de la journée de samedi 10 mars, il sera question de débattre au niveau des marchés en prélude à la grande marche prévue hors de la ville de Jerada le dimanche 11 mars à 14 h. Une action qui sera suivie, selon les médias, par une grève générale, lundi, à la Place du marché de Dimanche. Quant à la journée de mardi, il est prévu une grève générale ponctuée d’un sit-in partiel à la Place des martyrs de 10 h à 17 h. Le programme de la semaine sera sanctionné par une conférence de presse sur le Hirak.
Comme l’avaient prévu des militants, les habitants de Jerada, dont la population est estimée à 43 000 habitants souffrant du chômage à hauteur de 39%, sont désormais déterminés à continuer leur mobilisation en dépit des mesures proposées par le gouvernement pour contenir la grogne. Leurs attentes : trouver d’autres «alternatives économiques réelles», à l’exploitation des puits d’extraction de charbon dans la ville de Jerrada. «Les mesures proposées par le gouvernement comportent quelques points positifs, mais restent globalement insatisfaisantes par rapport aux demandes explicitées dans notre cahier revendicatif», estime Abdessamad Habbachi, un représentant des comités locaux chargés des discussions avec les autorités.
«Les contestations se poursuivront tant que des solutions urgentes ne seront pas formulées», avait prédit récemment Lakhdar Mahyaoui, représentant local d’Amnesty Maroc. Quelques milliers de personnes, selon les manifestants, ont investi les rues de la ville, la semaine dernière, en demandant des mesures économiques «concrètes». Dans le cadre de leurs manifestations pacifiques, les manifestants dénoncent l’«abandon» de leur ville, sinistrée depuis la fermeture de ses mines à la fin des années 1990.
Des centaines de mineurs risquent quotidiennement leur vie dans la région pour extraire du charbon que revendent des notables locaux grâce à des permis d’exploitation. Chaque année, des hommes meurent en silence dans les mêmes conditions. Le Maroc a connu ces derniers mois deux autres mouvements de contestation sociale, dans le Rif (nord) après la mort tragique d’un marchand de poissons en octobre 2016 et dans le sud désertique après des coupures d’eau liées à la surexploitation agricole.
R. I.
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