Le pétrole à la baisse en Asie avant les stocks américains
Les cours du pétrole étaient orientés à la baisse mercredi, les investisseurs anticipant l’annonce par le gouvernement américain d’une hausse des réserves et de la production de brut susceptible d’aggraver la situation de surabondance, selon l’AFP. Le baril de light sweet crude pour livraison en avril reculait de 48 cents à 62,12 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de brent, référence européenne, pour livraison en mai, cédait 52 cents, à 65,27 dollars.
L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) rendra publics aujourd’hui les chiffres hebdomadaires des réserves et de la production américaine, après que la fédération American Petroleum Institute (API) a estimé que les stocks de brut ont augmenté de 5,661 millions de barils au cours de la semaine qui s’est achevée le 2 mars. Une hausse des réserves est interprétée comme le signe d’une moindre demande au sein de la première économie mondiale, ce qui pèse sur les prix.
Alliée à la Russie, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est tenue par un accord de réduction de la production mondiale depuis début 2017 et jusqu’à fin 2018 dans le but de faire reculer les stocks mondiaux et remonter les prix.
La hausse de la production américaine, la baisse de celle de l’Opepet les enjeux de rééquilibrage du marché font partie des principaux sujets d’échanges de la conférence annuelle CeraWeek qui se tient à Houston (Texas) et réunit les principaux acteurs mondiaux du marché de l’énergie, dirigeants politiques, chefs d’entreprises et analystes.
«Des discussions positives entre l’Opep et les producteurs américains de pétrole de schistes renforceront l’optimisme des marchés et soutiendront les prix à court terme», a estimé Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures.
Etats-Unis : les forages offshore, une menace économique
Plus de 2,6 millions d’emplois et l’équivalent de 180 milliards de dollars du PIB sont menacés par le projet de l’Administration Trump d’autoriser de nouvelles exploitations de pétrole et de gaz offshore, estime l’ONG Oceana citée par l’AFP. Et ces données sont «seulement pour l’équivalent de deux ans de valeur de pétrole et juste une année de valeur de gaz au rythme de consommation actuelle», souligne l’organisation dans une étude publiée aujourd’hui.
Le 4 janvier, l’Administration Trump avait annoncé son intention d’ouvrir la quasi-totalité des eaux littorales américaines à l’exploitation du pétrole et du gaz offshore, y compris au large de la Californie, de la Floride et de l’Arctique. Elle précisait alors que cela concernerait 90% des eaux côtières américaines qui abritent 98% des ressources encore inexploitées en pétrole et en gaz situées dans le domaine fédéral.
La décision doit s’appliquer à compter de 2019 dans le cadre d’un nouveau programme quinquennal de gestion des ressources maritimes en énergie. Le 9 janvier, le ministre des Ressources naturelles, Ryan Zinke, avait toutefois décidé que cette mesure, contestée par de nombreux Etats, ne s’appliquerait pas à la Floride, un Etat dirigé par un gouverneur républicain, le parti de M. Trump. Il avait alors expliqué avoir tenu compte du fait que «la Floride est unique et ses côtes sont économiquement très dépendantes du tourisme».
Oceana explique s’être basée sur les statistiques relatives aux emplois et revenus provenant directement des secteurs de la pêche, du tourisme et des loisirs des Etats situés le long des côtes atlantique et pacifique ainsi que du golfe de Floride. Et les a comparées aux réserves de pétrole et de gaz exploitables économiquement dans ces mêmes Etats.«Des vues de l’océan défigurées par les plateformes de forage à l’industrialisation de nos villes côtières en passant par le risque de nouveaux désastres tels que BP Deepwater, étendre l’exploitation offshore menace les économies cotières et les secteurs dynamiques du tourisme, des loisirs, de la pêche qui dépendent de plages non souillées par le pétrole et d’océans sains», a commenté Diane Hoskins, directrice de campagne à Oceana. En 2010, la Floride avait été affectée par une gigantesque marée noire, provoquée par l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par le britannique BP. «Des côtes propres et des océans en bonne santé sont la promesse d’emplois et de revenus année après année alors que le pétrole et le gaz sont des ressources qui ne sont pas inépuisables», a souligné Mme Hoskins.
La relance des forages en mer s’inscrit dans la volonté du président Trump d’accélérer la production américaine de brut pour relancer l’emploi industriel et assurer l’indépendance énergétique des Etats-Unis. L’API, la fédération américaine représentant les industriels du secteur pétrolier, a estimé que d’ici 2035, les nouveaux forages contribueraient à l’économie américaine à plus de 70 milliards de dollars par an et créeraient près de 840 000 emplois.
R. E.