Le nom de code a changé !
Par Al-Hanif – Parcourir les débats qui agitent les forums et les pages de la presse qui offre des espaces d’interaction, peut donner l’impression qu’un pays entier s’exprime à partir d’un regard qui conditionne tout à l’héritage du passé, et analyse tout à travers ce seul prisme.
L’histoire de notre pays, sa jeunesse et ses espoirs rendent légitimes les préoccupations et sensibilités qui s’expriment autour de ces centres d’intérêt, et y trouvent une caisse de résonance.
Et le dissensus fait partie de la culture du débat.
Aussi, aucun doigt accusateur ne sera pointé, mais le souhait de dépasser les mêmes oppositions (parfois factices), souvent expression d’une conflictualité à huis clos qui s’apparente à un monde mental concentrationnaire, de part la redondance des thèmes, et le dogmatisme des positions des uns et des autres.
Quand interroger le monde ?
Des révolutions industrielles au pluriel façonnent le nouveau paysage qui se présentera à nous. Ne serons-nous que commentateurs de ce nouveau qui s’annonce par myopie volontaire ?
L’absence d’interrogations sur les conséquences de l’automatisation et de la digitalisation sur la croissance économique, le basculement vers la révolution 3.0, voire 4.0, déjà à l’œuvre dans la cadre de l’intelligence artificielle, fait songer à un continent qui a rompu les amarres avec le monde réel.
A l’heure où le vrai pouvoir est entre les mains des BAFA, type Google, qui pensent le monde d’aujourd’hui et de demain, notre logiciel est frappé de péremption victime d’une obsolescence que nous avons collectivement programmée.
Dans une préfiguration de la quatrième révolution industrielle, l’intelligence artificielle est déjà capable de faire accomplir aux machines des comportements qui ont la capacité d’imiter celui de l’humain.
Des laboratoires mettent au point des machines qui seraient capables d’éliminer l’aléa que faisait courir la part d’erreur humaine, de le battre aux échecs et de prendre les décisions pour lui, de lire et de prévoir son comportement et sa vie intime.
Le Japon, société post-technologique, pense pallier les carences affectives de son organisation par l’intrusion de robots pour masquer la plus haute des solitudes des sociétés industrielles où l’être performatif est exalté.
De cet environnement scientifique et économique qui n’est plus de la science-fiction, jamais notre actualité ne rend compte, engluée qu’elle est dans des querelles d’un autre âge. Et, pourtant, l’avènement de cette techno-civilisation va interroger les fondements de notre société d’une manière insoupçonnée.
Quel sera l’impact de ces innovations extrêmes sur nos sociétés solidaires où le filet social peut être autant familial qu’étatique ?
Alors que l’on discute de l’opportunité de maintenir la «bismallah» dans nos écoles, c’est toute une mutation vers une économie de savoir qu’il faut programmer, pour participer du monde, et cela passe par la refonte et la mise à jour de tous les contenus d’enseignement, et le reformatage des logiciels.
Quand des sociétés technologiquement avancées débattent de la substitution ou de la complémentarité de l’homme et de la machine intelligente, problématique qui façonnera l’environnement de demain, nous ressortons des vieilles lunes comme des friandises pour mieux nous opposer.
A l’heure où des machines sont capables d’épouser le fonctionnement du cerveau humain, et programmées pour simuler des émotions, la vraie question qui se pose à l’humanité est de savoir si la fin d’un vieux monde peut passer le cap de «la destruction créatrice» qui mettra au chômage emplois non qualifiés et ceux de ceux qui se croyaient à l’abri par la possession de compétences valorisées (juristes, scientifiques, managers, etc.).
Des machines performantes sont mises au point pour prendre en charge la production ordinaire des biens et des services, avec des conséquences dramatiques sur la croissance, la nature des emplois et la peur d’être remplacé par les machines de plus en plus intelligentes.
D’ores et déjà, les millions d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs exclus du marché du travail vous parleront de la place des robots dans les sites de production et de l’accroissement de la robotisation. Le robot, autrefois affecté à des tâches routinières, s’impose dans nos vies quotidiennes et la science-fiction a déserté les imaginations fertiles des auteurs, pour devenir recensement et exploration des futurs possibles.
La Google car, ou voiture autonome, ne nous regarde plus depuis le futur, mais depuis un présent imaginé par d’autres et qui s’imposera à nous. Conduite optimisée et plus fiable que la conduite humaine soumise à l’aléa… elle est peut-être le cauchemar d’un pouvoir pris par les algorithmes.
A.-H.
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