Youssoufi révèle : «Ben Barka a été assassiné par le Mossad et la DGSE»
Par Karim B. – L’ancien Premier ministre marocain Abderrahmane Youssoufi révèle dans ses mémoires, qui paraissent ce jeudi, que l’opposant Mehdi Ben Barka a été enlevé et assassiné par les services secrets israéliens à la demande de Hassan II, avec la complicité des services des renseignements français, DGSE. Cet ancien militant du parti Istiqlal a décidé de dire la vérité au crépuscule de sa vie, étant aujourd’hui âgé de 94 ans. Chacun des trois pays, le Maroc, la France et Israël, avait un intérêt particulier à faire taire Ben Barka, selon l’homme politique marocain.
Abderrahmane Youssoufi avait été chargé de suivre le dossier de l’assassinat de Mehdi Ben Barka auprès de la justice française. Depuis sa disparition à Paris, le 29 novembre 1965, le corps de l’opposant marocain au régime monarchique de Hassan II n’a jamais été retrouvé et l’enquête judiciaire n’est toujours pas terminée, à ce jour.
Dans ses mémoires, dont l’auteur a voulu faire coïncider la parution avec son 94e anniversaire, Abderrahmane Youssoufi regrette que son pays n’ait pas pu amorcer un virage démocratique «pour plusieurs raisons», écrit-il. Parmi ces causes, «l’incapacité de l’élite politique marocaine elle-même» à opérer cette transformation. A cela s’ajoutent une «mauvaise gouvernance» et une «administration archaïque». Tous ces facteurs, explique l’ancien chef du gouvernement d’alternance, entre 1998 et 2002, ont empêché l’émergence d’un «Maroc nouveau» qui eût pu aller vers des transformations rapides. Ces «poches de résistance» ont «bloqué le processus de transition démocratique», regrette-t-il.
Le livre de ce militant proche de Mehdi Ben Barka apportera-t-il des éléments nouveaux qui pourraient lever enfin le voile sur l’assassinat de l’opposant marocain en France ? Si les révélations d’Abderrahmane Youssoufi s’avéraient exactes, on comprendrait, alors, pourquoi l’affaire Ben Barka n’a toujours pas été élucidée 52 ans après les faits : cela impliquerait directement des responsables politiques français, marocains et israéliens.
- B.
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