Pourquoi les Russes voteront pour Vladimir Poutine ce 18 mars
Par Mrizek Sahraoui – Le premier tour de l’élection présidentielle russe aura lieu le 18 mars, une date symbolique qui rappelle l’annexion de la Crimée, le 18 mars 2014. Sept candidats sont sur les starting-blocks avec, selon les derniers sondages, un sérieux avantage pour Vladimir Poutine qui rempile pour un quatrième mandat.
L’ancien officier du KGB de 65 ans bénéficie d’une grande popularité auprès des Russes, qui voient en lui l’homme qui a redonné toute sa grandeur dans le concert des nations à la Russie, grandement affectée avant son arrivée au pouvoir. Et c’est légitimement qu’une majorité des Russes lui apportent leur soutien dans un contexte international marqué par le climat de tension dans le monde, singulièrement au Moyen-Orient.
Sa légitimité ? Aux yeux de ses compatriotes, Vladimir Poutine ne l’a pas usurpée. Il ne la tire pas seulement des urnes. La situation – dans tous les secteurs – de la Russie d’aujourd’hui, pays à l’économie forte, aux capacités militaires plus que jamais dissuasives, avec une parole à l’international d’autant plus exigeante et intransigeante qu’elle est écoutée avec respect, force l’admiration pour cet homme, à la base membre des services secrets, venu au pouvoir presque par effraction, entamant sa carrière politique à la mairie de Saint-Pétersbourg. Mais il est arrivé au moment où la Russie était exsangue, paupérisée, affaiblie, atteignant alors le fond, en proie à la misère sociale, avec une inflation à quatre chiffres et dont, l’on se rappelle, les étals des magasins étaient désespérément vides.
Au cours du dernier mandat de Boris Eltsine, la proportion d’enfants vivant en dessous du seuil de pauvreté atteignait 75% ; l’Etat croulait sous les dettes ; l’une après l’autre, les banques fermaient leurs portes ; faute de rigueur et de vigueur, l’administration et les institutions tombaient en déliquescence, et le règne de la mafia accaparait des segments importants de l’économie.
Ce n’est certainement pas par hasard que le magazine Forbes a consacré, dans son dernier classement de 2016, Vladimir Poutine homme le plus puissant du monde, devant la chancelière Angela Merkel et le président américain Donald Trump.
Par la parole, souvent rare, presque effacée, mais toujours claire et mise en pratique, et les actes, Vladimir Poutine a réussi à redorer et rehausser, 20 ans après une situation chaotique, le prestige, un moment terni, de la grande Russie au sommet de la hiérarchie mondiale. Une scène internationale où la Russie de Poutine impose sa voix, veillant au grain sur ses intérêts et ceux de ses partenaires.
Si beaucoup décrient son absolutisme et voient en lui l’incarnation du cardinal de Richelieu, en revanche, beaucoup d’autres, en Russie ou dans le monde, lui vouent une adoration quasi divine. Il y a de quoi. La Crimée, jadis fleuron de la Marine soviétique, retrouve la mère partie au nez et à la barbe de L’Europe et des Américains.
L’histoire retiendra que sans l’aide de Poutine, Bachar Al-Assad aurait subi le même sort que Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi ; l’Iran aurait été dépecé. Ainsi, le plan global (pompeusement appelé «printemps arabe») de redistribution des cartes dans le Grand Moyen-Orient – excepté naturellement les régimes des pays déjà sous la botte – entrepris à l’Ouest, aurait abouti.
Avec Vladimir Poutine, la Russie se porte bien, les relations avec les pays amis sont au beau fixe, l’arrogance occidentale s’est refrénée, l’équilibre mondial s’est rétabli. Alors, on voit mal le peuple russe empêcher son leader charismatique de reprendre le chemin du Kremlin ou se refuser la fête le soir de la victoire… sur la place Rouge.
M. S.
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